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Mitchell Froom › café flesh (OST)

téléchargement • 18 titres • 53:14 min

  • 1Café Flesh Main Title2:08
  • 2Max knows2:13
  • 3Rat’n babies5:44
  • 4Nicky & Lana enter2:02
  • 5Elvis Style0:33
  • 6Do you want me to type a memo ?4:31
  • 7What’s that for real ?1:55
  • 8Thrill you to death0:30
  • 9May I come in ?4:19
  • 10Desire in chains1:17
  • 11Cold war is over2:59
  • 12Angel is a positive3:01
  • 13Lana on her own2:40
  • 14Phone love4:42
  • 15Johnny Rico0:49
  • 16Rico onstage6:45
  • 17Come on Lana9:04
  • 18End titles1:02

informations

Ce disque n’existe pas… La bande-originale de Café Flesh, en effet – film de Rinse Dream sorti en 1982 – n’a jamais connu d’édition propre. Quelques morceaux s’y trouvent qui – remaniés, réarrangés – resurgiront sur The Key of Cool, premier album solo de leur auteur – Mitchell Froom – sorti deux ans plus tard. La bande-son du film, pourtant – vraisemblablement récupérée directement depuis la sortie audio d’un magnétoscope, vus le souffle qu’y s’y entend, les dialogues et effets sonores conservés, les scènes données strictement dans l’ordre du film, l'ablation franche des moments dénués de musique, qui génère des coupures parfois brutales… – circule très largement sur internet et se trouve en trois clics. Il n’est à ma connaissance pas prévu qu’une version plus « légitime » (et techniquement meilleure) de la chose voit prochainement le jour.

line up

composition, instruments

chronique

Un film de boule, voilà. D’une autre époque, d’accord : les mottes et chibres non-épilés ; pas de gros plans endoscopiques ; des actes montrés qui vus d’ici paraissent presque "innocents" – pas de "gagging" ou autres violences anales, la manie pas encore là d'humilier les actrices ; pas d'obsession de la performance athlétique ; des corps qui semblent "réels", en tout cas pas refaits (les standards du calibrage ayant peut-être simplement changé entre temps, ne nous emballons pas... toujours est-il). Mais oui : on se pénètre de visu ; actrices et acteurs se bouffent mutuellement le sexe, à découvert devant l’objectif… Alors il y a pornographie.

Bon. Et de l’anticipation, de la SF. Café Flesh est un "post-nuke" où la mutation – celle d’après la catastrophe, pardi – s’adapte au genre ("l’autre" genre) : dans ce monde-ci, quatre-vingt-dix-neuf pour cent des survivants ne peuvent plus se toucher, baiser, l’envisager même sans être pris de nausées, malades à en convulser. Ceux restant – "the lucky one per cent…" – se produisent devant les autres, sur la scène du Café Flesh. Tous déboursent et grattent en retour comme ils peuvent leurs petits profits ; les rancœurs et jalousies tiennent tout ce beau monde en chiens de fusil ; les intermédiaires empochent, licites ou bien planqués ; le prix des substituts grimpe en flèche ou se brade, selon l’heure et les fluctuations.

On ne s’étendra pas ce coup-là, allez, sur le côté "méta" de la chose : un porno qui traite de frustration endémique, d’une économie basée sur ce déficit et ses compensations. On ne se questionnera pas ici outre-mesure sur la pertinence ou non d’un propos politique, philosophique plus "général", non-plus – notons simplement qu’elle n’est ni plus ni moins risible, là, que pour d’autres bobines réputées plus "sérieuses" dès leur sortie ou "réhabilités" entre temps. Passons... La chose, ceci posée, est travaillée. La scénographie, les costumes étranges, les situations – cette première scène de cul avec l’homme-rat et les bébés-troglodytes… Les lumières peaufinées, les gueules des comédiens – principalement ceux des scènes "de comédie", j’entends…

Et la musique. Bizarre bande-son concoctée par un type, Mitchell Froom, qui bientôt deviendrait un producteur à succès – pour Richard Thompson ou Suzanne Vega aussi bien que The Corrs ou Los Lobos. Ici ledit Froom – sans doute désinhibé par la nature du film, son classement X qui le destinait à circuler dans un cercle moins public de l’industrie – se lâche, trafique une synth-pop clinquante et cradingue, collante et plastifiée. Des sons de claviers froids faits pour contraster avec les râles des "performeurs" – rendre celles-là plus moites, aussi fausses en soient les intonations, aussi évidente soit la simulation. Des plages ambiantes glauques, nimbées d’un malaise gris qu’elle nous passent, insinuent. (Les sirènes d’usine et le rire dément mêlés aux ordres aboyés et aux bruits de bottes de Cold War Is Over – qui incidemment rappellent aussi le Death of a Man de Death in June, sur The World That Summer). Le jazz vulgaire d’un bastringue réfrigéré.

Il faut avouer que cette manière de bootleg - se référer à la rubrique "remarques" pour plus de précisions, sur ce chapitre – exsude encore, à ses heures, sa drôle d’atmosphère. Cette musique laide, délibérément, ces rythmes ouvrés pour attraper – indéniablement, et qui y parviennent… Les dialogues qui s’y mêlent – qui en l’absence d’images sonnent plus inquiétants, encore , rappellent les physionomies crapuleuses des personnages de salauds ou de pauvres types, des acteurs qui les jouent – il faut reconnaître d’ailleurs qu’à ce point de vue, le casting est assez réussi. (Le savonneux Max Melowdramatic, Monsieur Loyal du Café ; le portier hâve et cauteleux …). Le souvenir des épisodes, des séquences, revient aisément à qui a vu le film. Le déroulé du scénario, même – somme toute assez sommaire – paraîtra même sans doute assez évidente à qui découvrirait cette bande-son seule, isolée. L’absence d’image, pourtant, rend la chose encore plus louche, permet que s’y loge envies, dégoûts, bouts de fantasmes qui peut-être n’y étaient pas, ne trouvent pas leur place dans l’explicite de la chose entière. Le curieux leitmotiv vocal de la scène des secrétaires – do-you-want-me-to-type-a-memooo – fait à force comme une irritation, et l’image de l’homme-crayon, déjà ridicule à l’écran, incongrue, revient en mémoire plus gênante, grotesquement inquiétante. Bien sûr, l’ennui s’attarde parfois – certains passages musicaux parvenant à peine à meubler, tournant dans le vide sans le tordre, cette fois, sans y faire taches. Mais ensuite reviennent fragments de textes menaçants, gémissements dont on ne sait si on veut en rire ou les suivre… Une sorte de rêve flou et fixé – insistant, qui poisse et fait marner à chatouiller comme ça quand on sait que rien n’est vrai. Cette bande-son – elle aussi, encore plus – n’est qu’une trace.

C’est du porno, oui, on se répète – mieux fait qu’ailleurs, avec un biais, d’accord. Elle à l’honnêteté, cette part sonore de la chose, de se donner morne autant que séduisante – de s’avouer ersatz. Libre à qui voudra – ensuite ou bien tout de suite – de sortir chercher si ça lui dit avec qui s’attraper. Et puis de voir si pour ça il y aurait à invoquer les canons d’une esthétique ou de l'une ou l'autre morale. (… À faire les animaux sans que personne crie : "action" …).

note       Publiée le dimanche 17 septembre 2017

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Klaus Schulze - Body Love

Klaus Schulze
Body Love

Autre B.O. "du genre" signée par un type qu'on aurait pas forcément attendu là. (Celle-ci sortie officiellement sur disque).

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