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roadside.picnic › Le Cafard

  • 2016 • M4NM 1 Téléchargement Web

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téléchargement • 13 titres • 43:59 min

  • 1Kakafonya Yokuşu No 71:59
  • 2Ya'hat2:14
  • 3Afazi Gürültüsü4:48
  • 4Etrafındalar4:20
  • 5Kara Çatılardan Kente4:20
  • 6Asparagaste2:59
  • 7Tanık Kör1:19
  • 8Dünya Makinası4:27
  • 9Kılıkbazın 3 Günü3:51
  • 10Kendisinin İblisi2:54
  • 11Kaygı Karnavalı4:20
  • 12Ne Halim Varsa2:54
  • 13Saligia2:34

informations

Enregistré chez Zeuma, Eskişehir; Karabayır, Eskişehir; Elmadağ, İstanbul; Adım Sanat, Eskişehir; BUG, İstanbul entre Août 2015 et Juin 2016. Produit par Armonycoma.

Le groupe est nommé RSPC sur cet album. https://roadside-picnic.bandcamp.com/album/le-cafard-2

line up

Ağaçkakan (textes, MC), Armonycoma (production)

Musiciens additionnels : Pitohui (Yankı Bıçakçı (guitare), Cem Kayıran (guitare samplée) 9), Mono (basse, synthétiseurs 3, cymbales 10), Florian Zimmer (basse, électronique 6), Oğuzhan Gedik (basse 7, 9), Hals (chant 8), Wodashin (synthétiseurs, électronique 11)

chronique

  • abstract hip-hop nauséeux

Je vais être très franc : vous n’êtes pas prêt pour Le Cafard. Non, vous n’êtes pas prêt. Déjà, avoir le cafard à Istanbul en 2016, c’est pas une pose. On m’avait dit en substance, « Je meurs mentalement ». De là à devenir une momie mentalement… tiens d’ailleurs Murat, Jean-Louis j’entends, l’auvergnat, venait justement de donner sa définition du cafard, la même année, « comme un buvard qui te boit la joie, te prépare au pire ». Je vais de nouveau être franc, je ne comprends pas ce que raconte Ağaçkakan, le MC au flow acéré et tranchant de RSPC, comme le duo s’annonce sur ce deuxième album, abréviation de roadside.picnic (renvoyant au roman de science-fiction métaphysique « Stalker »). Mais je comprends comment il le raconte, et c’est suffisant. D’autant que la production de Armonycoma suffirait pour faire trembler sur ses bases n’importe quel auditeur. Terminé les samples d’anatolian pop, même si sont parfois évoquées des ritournelles bien turques, on en saisit des bouts d’instrumentation familières. Mais par delà les mélodies qui trouvent leurs voies dans les interstices des beats irréguliers, louvoyants, retors, c’est une atmosphère étouffante, empoisonnée qui sidère, saoule, assomme, terrifie. Non, vous n’êtes pas prêts pour la déflagration électro-industrielle de « Afazi Gürültüsü » et ses épouvantables immobilisations temporelles qui surgissent au détour du morceau, concentrant tout l’agressivité expurgée jusqu’alors. Car Le Cafard, c’est le son d’une sorte d’uchronie un peu trop réelle, d’une contre-révolution bien en direct à la télévision, quand la réalité prend vraiment un tournant pour le pire. Les instruments traditionnels pris dans la boue urbaine, le flow d’une urgence agile qui accompagne chaque pas d’une révolte sourde de sa scansion logorrhéique. Les sirènes de l’état policier ne sont jamais très loin, alors on imagine ce que ce flot de mots emporté peut charier, le sens passant déjà par les intonations tranchantes, propositions débités au hachoir sur ces couches de sons poisseuses, grisâtres, humides, précises dans leur capacité d’inquiétude. Et puis des rythmiques qui s’emballent soudain le temps de quelques secondes drum&bass paranoïaques. Puis replongent dans une quasi-ambient noisy, des voix filtrées de mots d’ordres, des frappes métallo-organiques et c’est reparti le martelage migraineux. Jamais en ligne droite Le Carfard. Mais toujours cette sensation étouffante de saturation de mélodies trafiquées, n’émergeant que péniblement d’une chape sonique concassée. Viens alors « Dünya Makinası », deuxième point d’orgue du Cafard, où la voix presque sussurée mais toujours hyperactive de Ağaçkakan trouve un contrepoint féminin au souffle plus sensuel alors que se déroule un fond de trip-hop totalement lancinant. Quand la pression monte d’un coup, je vous prie de croire que le Cafard prend tout son sens. C’est avec les musiciens du groupe expérimental Pitohui, invités parmi d’autres, que le morceau suivant instille une ambiance d’abord plus planante, ne serait-ce encore les ahurissantes vagues de mots du Pivert, comme forçant la musique à le suivre dans ses rouleaux verbaux incessants, jusqu’à des élans des plus effrénées, aux effets dramatiques. Le Cafard, où le son d’une vie de science-fiction de moins en moins fictionnante, les machines d’Armonycoma posant un décor un peu trop familièrement oppressant pour être tout à fait fantasmé. Avec l’apport de Wodashin, producteur électro du collectif M4NM dont le duo RSPC est à l’origine, le beat en rajoute dans le faussement clinquant mais vraiment remonté sur « Kaygı Karnavalı » , avec luminescences tunées en remontées acides, sans vraiment pouvoir couvrir les cris des illuminées qui ensanglantent le pays. Arrivé là, faut plus trop compter sur un assouplissement des rapports, c’est du chiffonné dans les hangars, du hip-hop en contrebande, en resistance, plombé par le contexte, tout le temps en éveil avec ce MC jamais sur la réserve, un peu style Anatolian Neenja, ça s’entend même dans les sonorités de flute japonaise qui respirent sous les flux d’énergie négative qui balayent le paysage sonore. Mais pourquoi, pour le titre, un mot français, un des seuls que je peux comprendre, et que je comprends d’autant mieux : le Cafard ? Parce que Cioran, ce vieil ami, disait que ce mot était intraduisible, que le Cafard, c’était le Cafard, et puis c’est tout.

note       Publiée le samedi 23 septembre 2017

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