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Overmars › Born Again

lp/cd • 1 titre • 39:25 min

  • 1Born Again39:25

informations

Enregistré par Benjamin Pic et Nicolas Dick aux studios TOG, Gardanne, et DB Recording, Caluire, en mars 2007. Mixé et masterisé par Benjamin Pic et Nicolas Dick en avril 2007 au studio TOG.

Pochette CD : Ivan Brun, Benjamin Pic, Pierrick Marin. Pochette LP : Marion Leclercq. L’édition LP a été pressée en 250 copies sur vinyle blanc, et 250 sur vinyle rouge-transparent.

line up

Arnaud Bitschy (voix), Marion Leclercq (basse, voix), Pierrick Marin (guitare), Benjamin Pic (batterie), Antoine Simon (guitare), Xavier Théret (voix), Tiphaine Coudert (électronique, claviers)

chronique

Tout de suite on est avalé : dans la pâte épaisse, l’abysse concret. Les cris traversent, font des lignes, des bords effilochés, béants. La même bouffée viciée, toujours, s’engouffre. Quelque chose siffle aux oreilles – et dans le cou, trop proche, souffle une haleine. Des idées frôlent – mortes, mais qui pourtant continuent de grandir, autonomes, parasites, rétives à toute raison ; le contrôle, pourtant, la maîtrise de chaque geste, empêche tout, emprisonne – rétention, censures, mauvaise conscience, reniements. La conscience paralysante du choc à venir, de la catastrophe – et en même temps le déni, l’affirmation fausse que puisqu'on voit venir, ça va aller. Rien que soi, chacun – et des millions, des milliards ainsi. Rien en dessous, rien plus bas. Rien d’autre. Rien. ("But the will to stay… or to climb" – et tout se tient en cercles, se mord la queue sans plus même se la chasser ; et bien sûr que si : quoi qu’on fasse, ça fera mal encore, plus mal toujours).

Les guitares cessent leurs scintillements, les cymbales de frémir. La tare reprend le pas, l’affolement du lest accumulé qui – l’amarre brisée – devient plomb de dévalement. Et la voix d’ogre revient, envahit… Born Again. Je ne sais pas si le titre est ironique, s’il est pire que ça : désespéré comme un à-dieu-vat. Il est certain qu’il n’y a rien de drôle, là-dedans. Le disque est bouffé de tensions, de crispations sans issues. L’humeur est cyclothymique mais toujours noire, maussade – haine de soi et de tout où la forclusion comme l’exil sont une même aliénation, de part et d’autre dans un même vide. Le monde, par-delà les cloisons, continue de mal tourner. Aux recoins d’autres quartiers, dans les fossés des continents, des goules cagoulés – humains renoncés pour une once dérisoire de pouvoir, capacité de nuire, profits ridicules – passent à tabac des corps difformes, malnutris, contrevenants sacrifiés, simplement nés ou arrivés où il ne fallait pas. Sous nos latitudes d’autres maladies – d’autres dépossessions, possessions – gagnent encore et toujours. Des torsions mentales. L’un et l’autre hémisphère se nourrissent de l’illusion que si là-bas on crève, là-bas, au moins, on vit. Tout est bloqué. Tout est trop long, à dessein. Tout monte vers une explosion que tout, en même temps, diffère – répugnant à y croire, ne daignant pas, ne se résolvant pas à se libérer. Les guitares sont atones – masse dense mais enflée, boursoufflée, opacifiée pour que n’en paraissent pas les nuances, les reliefs où trébucher. La batterie semble une chose fixe qui – quand tout autour bascule, se déverse d’un segment, d’une phase à l’autre – continue de marquer, elle, sourde au reste. L’électronique glisse dans le mix de sales trafics, infiltre, sabote. On dirait que les membres du groupe se balancent tout ça – détestations, mutismes hurlés, accès déments au bouts des exaspérations – mutuellement à la face. Sans doute la cohérence de cette piste interminable – sans répit véritable même dans ses trous – tient-elle d’une volonté plus tenace encore, par delà cette guerre qu’ils semblent se mener, tous, de l’asséner en dehors d’eux, de cracher le suffocant morceau. Enfin – pour en finir. De fait le groupe n'y survira guère. Paquet trop amer, trop noueux, trop lourd pour que l’excrétion même les en ait soulagés. Et puis de toute façon, qu’auraient-ils dit, ensuite…

Mais "born again". Peut-être bien, au fond, que ça n’énonce que ça : "après, oui, après… on verra". On a vu. On voit encore. Beaucoup de ceux et celles présents sont passés à autre chose, ont continué ensemble ou pas. Alabaster, Aya†ollah!, Mütterlein… Des groupes pas plus riants, souvent – mais pas si cyanosés qu’ici, remontés de cette apnée terminale. Naître encore. Et encore, et encore, et encore, et… D’accord : stopper au bout – inévitablement : claquer. On le sait. Et alors ? Alors on voit parfois ce que ça pèse – on voit ce que pour l’heure, pour simplement passer, il faut bien enjamber.

note       Publiée le vendredi 8 septembre 2017

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Patience, mère de toutes les vertus.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Développez, Messire du Corbeau. Le peuple sombrex attend.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Mütterlein ça bute, c'est net.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Clair que c'est juste du référencement automatisé, parce que autant "Diamanda Galas" je peux comprendre pour Lingua Ignota, dont c'est clairement une référence et révérence majeure (dont, je trouve, elle s'est enfin affranchie avec son dernier en date), ou pour Jarboe qui voudrait bien mais ne joue pas dans la même catégorie, trop petit-bras... Autant pour Mumu le côté "prouesse technique" (transcendé mais présent chez Diamanda, et appliqué à la sueur du front chez Jarboe) n'est pas du tout le propos. On n'est pas dans la discrétion/sobriété de Lana Del Rabies (tiens, pour en ajouter une, qui se voit apparentée à tout ça pour des raisons assez spécieuses à mon goût, juste parce qu'elle est femelle et chante solennellement), mais on reste dans le brut de décoffrage : ça sort intense parce que c'est comme ça que c'est ressenti, pas parce qu'il faut faire un crescendo à tel ou tel moment, où démontrer quoi que ce soit.

Nico, pour ma part je dégaine pas l'étiquette souvent, mais là je suis obligé, pour la tonalité à la fois très habitée et très sévère/funèbre, qui chope brutalement et sans aucun humour ni pudeur, réserve ou autre sens déplacé de la dignité.

Message édité le 05-05-2023 à 11:59 par born to gulo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Le côté "viscéralement punk/coreuse" et pas diva, je te crois sur parole, vue ladite apparition chez Carne et vu... Bah Overmars, quoi. Après c'est sans doute une question de réflexe plus qu'autre chose hein : dès qu'une femme crie sur du martelé, "la critique" (ou juste "les gens", et je ne m'exclue pas de ça même si j'essaye autant que possible d'éviter) va avoir tendance à sortir les mêmes noms... Swans période Jarboe, oui, Diamanda (alors que ça fait longtemps qu'elle ne hurle plus sur de la noise-indus-pataquès, en passant, mais bon), Nico, tiens, dès que ça crie moins que ça énonce gravement...

À suivre donc pour ce que j'y entendrai maintenant que j'en ai encore un peu plus rien à foutre de tout ce référencement, donc ! (Avec sans doute chroniques au bout, en finissant aussi celles de la disco de La Chasse, vu que je l'avais laissée en plan).

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