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Barış Manço › 2023

cd • 9 titres • 51:19 min

  • 1Achı'da Bağa Vir !..3:43
  • 2Kayaların Oğlu10:00
  • 320232:10
  • 4Yolverin Ağalar Beyler !..3:57
  • 5Uzun İnce Bir Yoldayım !..5:20 [reprise de Aşık Veysel]
  • 6Yine Yol Göründü Gurbete...3:19
  • 7Baykoca Destanı... (Gülme Ha, Gülme !../Gelinlik Kızların Dansı.../Kara Haber - Turnanın Ölümü.../Vur Ha, Vur !../Durma Ha, Durma)13:00
  • 8Tavuklara Kişşşt De !..2:30 [adaptation de Osman Pehlivan]
  • 9Kol Bastı !..7:20

informations

Enregistré par Sıtkı Acim, produit par Barış Manço

Conception graphique : Barış Manço

line up

Barış Manço (synthétiseurs (Korg 700S, Solina Strings, Watkins Fazer), boites à rythmes, guitare électrique, chant), Mithat Danışan (contrebasse, basse), Ohannes Kemer (guitares acoustiques et électriques, yaylı tanbur, bağlama), Nurhan Özcan (guitare), Oktay Aldoğan (flute, saxophone tenor & soprano, clarinette), Osman Bayşu (bağlama), Caner Bora (percussions, batterie), Celal Güven (percussions, batterie), Nur Moray (percussions, batterie)

chronique

Dans les années soixante-dix, le futur avait encore de l’avenir. Même en Turquie, malgré les coups d’États répétés dans les années passées. On pouvait encore rêver de ce que serait le monde en 2023, cent ans après la fondation de la République par Atatürk. A mi-chemin, c’est une situation de grandes tensions qui vont aller en s’exacerbant jusqu’à la fin de la décennie. Pour l’anadolu pop, le glas a déjà sonné sur les heures de frénésie des sixties. C’est le temps des albums, alors que le mouvement était basé avant tout sur les 45 tours. Et avec les albums, arrive l’album-concept. Forcément politique. Visions du passé, du présent, du futur. Le futur, ce sont les synthétiseurs. Et avec les synthés vient naturellement le prog. 2023, où le premier album de Barış Manço, déjà superstar, bientôt messie des sons d’un temps présent. 2023 où l’Odyssée de la Turquie moderne, à travers les coups de sangs et les espoirs d’une République Populaire. Adviendra à la place la dictature militaire, mais Barış, un nom qui signifie « Paix », a encore la tête dans les étoiles. C’est des astres qu’il narre la fondation du pays sur fond de claviers planants. Le space-rock turc vient d’être inventé. Et avec lui, d’autres tentations, d’autres sensations qui circulent dans l’air : le progressif anglais mais aussi les rythmiques funky venue d’autres motherships. Des synthés qui couinent et coassent de concert avec clarinette, yaylı tanbur et bağlama, des Solina et Korg en apesanteur ouvrant l’horizon de la pop anatolienne sur un projet spatial. Le Kurtalan Ekspres, le groupe que Manço agglomère autour de lui au début de la décennie, forme une machinerie redoutable qui permet à son créateur toutes les audaces. Parmi elles, déjà les traces d’étoiles filantes space-discoïde orientales, une ritournelles aux auspices country, une reprise du thème classique de Osman Pehlivan utilisé pour son single Lambaya Püf De, ici ponctué de bruitages à la guimbarde et absurdes cris d’animaux. Sur chaque face, une longue piste : l’instrumentale Crimsonienne éponyme d’abord, voyage cosmique vers un avenir forcément meilleur; sur la face B, une succession de morceaux mis bout à bout, liés par un envoutant thème pastoral, fantôme de son Dağlar Dağlar, de suite emporté vers des rythmiques plus contemporaines. Sur plus d’une dizaine de minutes, un jazz-funk cosmique acide baigné de sonorités bien anatoliennes, des mélodies comme de vieilles chansons folk, d’airs à danser sur lesquels Manço, tel un troubadour, narre les tribulations du peuple turc à travers une histoire marquées par les coups de force, les coups de feu : « Vur Ha, Vur ! Tire ah, tire ! ». Une saga comme racontée par les aşık, tel Veysel Şatıroğlu, le conteur aveugle dont est repris ici le titre "Uzun İnce Bir Yoldayım" dans une version à couper le souffle, à l’esthétique manifestement empruntée au « Planet Caravan » de Black Sabbath, morceau lui-même fortement inspiré par de lointaines vapeurs orientales. Retour à l’envoyeur, et avec quel style !… Sur un texte à la poésie nomade et mélancolique, « sur la longue et étroite route, sur le chemin matin et soir, je ne sais dans quel état je suis, je suis en chemin matin et soir, du moment où je suis venu au monde, immédiatement j’ai commencé à marcher ». Manço conclue son épopée dans un récit d’utopie, sur une mélodie traditionnelle prise dans une rythmique à l’hypnose linéaire, au groove carré et mid-tempo dont l’influence ne se dévoile qu’au deux tiers, quand les cuivres lâchent ensemble leur cri ethio-jazz. Oui, Barış Manço s’est tout permis, signant du même coup l’album peut-être le plus marquant de la scène qui dès lors se tourne de plus en plus vers ces nouvelles sonorités. Viendront dans la foulée les folies de Dadaşlar avec Ersen et Selda, les interprétations barrées de Edip Akbayram & Dostlar et quelques années plus tard, juste avant le coup militaire de 1980, c’est le « Safinaz » de Cem Karaca qui résonnera comme en écho à celui-ci. D’ici là, Barış Manço rêve encore à 2023, la tête dans les galaxies.

note       Publiée le mercredi 16 août 2017

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    Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

    Dis donc il est très d’actualité lui

    Note donnée au disque :       
    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    La patine du temps donne à l'album un petit côté "rétrofuturiste" assez délectable.

    Note donnée au disque :       
    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Les coincidences ! Avec Elektronik Türküler d'Erkin Koray et le premier Selda sorti en 76, c'est la trilogie incontournable de l'anadolian pop en terme d'importance pour ce qui est du format album proprement dit (même si Hürel Arsivi de 3 Hür-El et encore plus Türküz Türkü Cagiririz ! de Mazhar ve Fuat devraient être considérés comme incontournables également, pour citer des groupes moins connus).

    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
    avatar

    Incroyable, on m'a justement parlé de cet album aujourd'hui. Un disquaire sur une place nantaise qui m'a raconté quil avait trouvé feux exemplaires de 2023 chez une famille qui avait des amis turcs et qui avaient trouvé ça naze (par deux fois). Un de ses potes s'est jeté sur une copie, il était allé traquer ce LP jusqu'en Allemagne. Effectivement, ça met la puce à l'oreille, tout de même... ;)