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Koriass › Love Suprême

cd • 17 titres • 46:45 min

  • 1Leader2:05
  • 2Hate suprême #10:13
  • 3Légendaire2:53
  • 4Zombies3:38
  • 5Hate suprême #20:17
  • 6Nulle part4:31
  • 7Jolies filles4:53
  • 8Hate suprême #30:15
  • 9Blacklights3:43
  • 10Ouvre ta fenêtre3:27
  • 11Hate suprême #40:09
  • 12Drive3:19
  • 13Tôt ou tard3:00
  • 14Pardon5:21
  • 15Hate suprême #50:21
  • 16Love suprême5:03
  • 17Rien d'autre3:37

informations

Enregistré par Philippe Brault et Olivier Robitaille.

line up

Koriass (paroles, musique, production)

Musiciens additionnels : Philippe Brault (guitare, basse, piano, claviers, production), Ruffsound (beats)

chronique

  • rap mégalo-conscient

L’ego dans le rap ne devrait jamais poser de problème, ni devenir l’objet central d’une critique. C’est un élément qui a toujours fait partie du jeu, depuis les eighties style Big Daddy Kane jusqu’à l’avènement de Kanye "Yeezus" West. C’est aussi une histoire d’écriture – on cherche ouvertement le clash, en contrepoint à une écriture plus fine et posée ; on s’accorde une certaine licence poétique urbaine. Avec son album emphatique, citation directe de Coltrane, Koriass cherche à s’autoriser un ego-trip massif dont l’objectif semble clairement de créer sa propre légende. Le design ultra-léché de la pochette, avec son buste césarien, en est le premier argument visuel. Ça sent l'oxymore à pleins naseaux. En compagnie du beatmaker Ruffsound et de Philippe Brault à la console, le rappeur de Montréal sort d’entrée de jeu du gros son trap et des textes qui tranchent dans le lard. Le message des premiers titres est univoque, simplissime. Koriass s’en prend aux critiques-zombies de la twittosphère et aux trolls des réseaux sociaux : du diss 3.0 qui percute sans s’arrêter avec un accent québécois pas si anodin, puisqu’il permet l’utilisation du franglais et de rimes hybrides (ça peut surprendre, mais on finit par s’y habituer devant la maîtrise du flow). Reproche habituel, d’ailleurs, intenté au mec qui capte le mic et qui défend son style contre une haine tout aussi habituelle ("J’suis pas l’Antichrist parce qu’il y a des anglicismes dans mon rap, fuck that"). Les interludes parlés, en mode maître à son élève, peuvent vite agacer en rajoutant une couche d’apparat mystique... Mais ce disque est plus réfléchi qu’il n’y paraît ; il évolue peu à peu, et dès la fin du clash frontal, s’adoucit avec une prod alternative bien foutue et des textes plus subtils, des beats et samples qui déclenchent des souvenirs vidéoludiques avec un flash de vaporwave rose. Entre deux références destinées au seul public du Québec, le rap se précise ; le troisième couplet de "Nulle part" est ciselé, et "Jolies Filles" fait très fortement (trop ?) penser à du Kendrick Lamar – Kendrick dont on retrouve l’ombre sur l’excellent dyptique "Blacklights" / "Ouvre ta fenêtre", évoquant la morosité du quotidien des banlieues, un passé douloureux, une overdose mortelle. Quand Koriass annonçait lourdement courir après la gloire sur la grille de départ – où les likes Facebook formaient un objectif ultime, quitte à forcer les traits, on voit bien que les registres changent et que les instrus varient au fil de l’écoute ; les mélodies deviennent plus douces alors que l’amour absolu ne se trouve plus du tout sur la grande toile. Avec "Pardon" ou "Rien d’autre", le changement de paradigme est définitivement acté, et Koriass nous donne sa version de "All You Need Is Love" sur une musique décalée très évocatrice d’un MF DOOM classique. Alors, quid de l’expression personnelle du rappeur ? On a par moments l’impression d’un geste forcé, la sensation d’avoir appliqué à la lettre une recette du succès dans le rap moderne (qui se désintéresse des purs mégalos). Un exercice de style de belle facture. Or, même avec ça en tête – les roses dans le crâne et tout le toutim, même en sachant pertinemment qu’on est peut-être victime d’une légère entourloupe – et, même quand on voit les facilités d'écriture permises par cette novlangue, il faut avouer, étant donné le niveau de qualité général, eh bien, que ça en jette pas mal… Reste à savoir si l'ego peut devenir l'objet central d'un disque de hip hop en conservant sa superbe.

note       Publiée le mardi 8 août 2017

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    commentaires

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    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    Oui, on a tendance à voir ça un peu partout. Comme dirait l'autre, ça vaut pas Aesop Rock.

    Note donnée au disque :       
    kama Envoyez un message privé àkama

    L'accent ne me gène pas du tout, par contre, le mélange d'anglais et français, assez symptomatique des canadiens, me rebute un peu. Non et puis l'étiquette de rap "conscient", qui tend parfois pernicieusement vers le rap donneur de leçon, est un exercice un peu trop périlleux à mon gout. Tous ces gimmicks de b-boi repenti, qui utilisent leur "expérience" malheureuse comme matériel pour leur album tout en conseillant de ne pas suivre leur exemple, c'est fatigant à la longue...

    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    Perso je savais pas que "brain" rimait avec "foin" ! Haha

    Note donnée au disque :       
    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Du rap québecois ! Ca se test, obligé