Pour découvrir The Bolshoi, ‘Giants’ s’avère la carte de visite parfaite; c’est un EP donc c’est compact et puis, il inclut plusieurs des morceaux les plus sombres du groupe (hé, les corbeaux, c’est par ici !). Pour résumer le style: flamboyant, énergique, passionné, un peu à l’instar des Chameleons, U2, avec une touche de gravité à la Flesh for Lulu (Nick Marsh aurait pu écrire ‘Sliding seagulls’ s’il avait délaissé son amour du glam). Difficile de résister au hit qu’est ‘Happy boy’ le mal nommé avec son couplet tendu et inquiet, son refrain qui éclate qui éclate comme une délivrance mais il n’est pas le seul atout. On signalera ‘Sliding seagulls’ avec sa touche chanson de marins mais du genre vaisseau fantôme naviguant à travers vents et abysses. Et puis, il y a ‘Giants’ qui donne son nom à l’EP, trouble, mené par sa rythmique de plomb, son chant qui parait osciller entre ciel et terre, quelques notes glacées, ‘Hail Mary’ évoquant U2 (le timbre de Trevor Tanner présente un certain mimétisme) et ses rythmes de cavalcade mais version louche, glauque. ‘Fly’ témoigne aussi de cette excentricité un peu torve que le combo se plait à tisser, à la fois directe et punchy dans sa mélodie, plus opaque quand au feeling restant. ‘By the river’ justement pousse au paroxysme ce malaise jouissif ; le morceau s’écoule le rythme de l’eau mais les grincements de la guitare en arrière-fond dégage un sentiment de luxuriance toxique renforcé par le chant. C’est chatoyant mais après fumé deux ou trois gros spliffs bien tassés. La carrière de The Bolshoi n’est pas uniquement jalonnée de décisions sages et de bons résultats mais à leurs débuts, voilà un groupe qui a frappé juste et très fort. Étonnant qu’on ne s’en souvienne pas plus…