Sex Pistols › Kiss this

Les Sex Pistols n’ont sorti qu’un seul album, inutile de revenir là-dessus, tout le monde connaît aujourd’hui sa portée musicale et son importance iconographique. Un vrai problème pour eux d’ailleurs, même à l’époque, ce manque de galettes. À traîner leur sulfureuse réputation, les pauvres garçons, outre les difficultés croissantes à se trouver des lieux de concert, ont eu du mal à dégotter une signature auprès d’un label. De là à en déduire qu’ils manquaient de chansons, il n’y a qu’un pas… Or nos quatre lascars étaient plutôt prolifiques et les sessions studio n’ont pas manqué. N’en déduisez pas que le résultat était toujours merveilleux, faut pas déconner non plus. Toujours est-il que le combo compte à son actif une ou deux chansons franchement bandantes trop souvent oubliées car non présentes sur le fameux unique album. Cette compilation bien dodue se fera un plaisir de vous le rappeler. Il y a déjà la fabuleuse reprise du ‘Don’t give me no lip child’ de Dave Berry (qui c’est ce mec ?), le fameux ‘I wanna be me’ qui eût pu être un hymne punk pour peu qu’il en existe une version décente niveau son, l’excellent et inquiétant ‘I’m not your stepping stone’ (la meilleure cover existante, supérieure à celle des Monkees) ou encore, bien que plus anecdotique, la reprise du ‘No fun’ des Stooges. Tout est là, entremêlé aux chansons classiques présentes sur ‘Never mind the bollocks’, à quoi s’ajoute en fin, le désormais classique ‘My way’ de Sid Vicious et ‘Silly thing’, avant tout une collaboration Steve Jones /Paul Cock pour ‘The great rock’n’roll swindle’, John Lydon ayant déjà fui le navire en perdition et Sid se fourvoyant dans les mirages poudrés. Le second intérêt de cette compilation est que chaque titre est accompagné de commentaires des musiciens quant aux circonstances ou à l’humeur tournant autour; elle est d’ailleurs subdivisée en trois parties. En premier nous avons ‘Early songs and other people’s material’, suit ‘Let Rip, Volatile, Full Fledged Songwriting on our Own’ pour conclure avec ‘Final Group of Songs Written Close Together. More Musical. No Longer Confused About Where We Stood’, ce qui n’a aucun sens si l’on suit la tracklist (est-ce surprenant ?). Toujours est-il qu’on a quand même affaire à l’intégralité de ‘Never mind the bollocks’, les quatre faces B de ses singles, des reprises… Était-il nécessaire de conclure avec ‘My way’ et ‘Silly thing’ ? Pas forcément, chacun sachant pertinemment que ‘The great rock’n’roll swindle’ était le bébé de Malcolm McLaren à sa gloire et n’avait que peu à voir avec le groupe lui-même qui avait déjà implosé. Du coup, Lydon parti, pourquoi ne pas résumer en deux chansons la réaction des membres restants ? N’en déplaise aux mauvaises langues, les Pistols avaient du talent comme le prouvent nombre de ces morceaux, pas toujours au 100% quant à la qualité sonore mais c’est toujours mieux que des pirates. ‘Kiss this’ remplit largement son rôle de complément à l’album ou d’unique trace du combo dans une discothèque plus frileuse niveau punk.