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Camera Silens › Réalité

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Membre Note Date
merci pour le fusil...      vendredi 30 juin 2017 - 17:27
Walter Benjamin      lundi 26 juin 2017 - 19:41
Klarinetthor      lundi 26 juin 2017 - 18:41
Thirdeye      mercredi 22 février 2023 - 06:24
Shelleyan      lundi 26 juin 2017 - 18:50
Dioneo      lundi 26 juin 2017 - 17:46

cd • 15 titres • 55:55 min

  • 1Réalité3:52
  • 2C’Est Comme Ça3:11
  • 3Camera Silens3:27
  • 4Squatt2:57
  • 5Classe Criminelle 1 & 23:31
  • 6Sans Sursis3:05
  • 7Est/Ouest2:51
  • 8Suicide4:11
  • 9Le Bal des Vauriens3:07
  • 10Pour la Gloire3:18
  • Bonus de l’édition CD
  • 11Camera Silens3:40
  • 12Semaine Rouge2:52
  • 13Réalité3:52
  • 14Suicide4:09
  • 15Pour la Gloire7:52

extraits vidéo

informations

Piste 1 à 11 enregistrées par Michel Coustillas au Studio du Manoir en août 1984. Masterisé à l’Autre Studio. Pistes 12 à 15 enregistrées à Toulouse en décembre 1982.

La piste 15 contient deux morceaux enregistrés en concert, après la fin du titre Pour la Gloire, non crédités dans les notes de pochette.

line up

Gilles Bertin (voix, basse sur 12 à 15), Eric ferrer (basse sur 1 à 11), Bruno Cornet (batterie sur 1 à 10), Boubou (batterie sur 11), Benoît Destriau (guitare, voix)

chronique

Camera Silens : ça ne rigolait pas… Ce nom, déjà – celui des chambres de privation sensorielle où l’état allemand avait enfermé les membres capturés de la RAF (ou Baader-Meinhof, Fraction Armée Rouge). Cette photo : la rue – une de Bordeaux sans doute, où avait poussé le groupe – et ce type au crâne rasé, de dos dans une lumière terne sous un ciel gris trop brillant. Ces paroles, cette musique… La rue, là aussi : ça parle de squatt, de traîner, d’être un bloc pour voir venir, protéger le dos des potes. Ça cause de came et d'incarcération – celle des sus-cités extrêmes gauchistes armés allemands, à la première personne (Camera Silens) ; plus distancié, à la troisième aussi neutre que la langue française le permet, d’expériences d’enfermement vécues bien plus directement (Sans Sursis). Gilles Bertin, d’ailleurs – chanteur et parolier – avait un moment disparu, arrêté et mis à ladite ratte, avant de revenir à temps pour l’enregistrement du disque. Puis d’être encore porté absent, plus tard – et cette fois pour longtemps. (J’y reviendrai). Bien peu d’humour, là-dedans – mais parfois une ironie cassante, méchante, assez intelligente aussi pour saper les hymnes (Pour la Gloire – qui parle très peu de triomphe ; plutôt de tenir par l’amertume, ne rien réussir et ne rien lâcher, jamais). L’ennui colle et rend fou, rend lourd – le disque s'ouvre quand même sur un : "T’es là à te branler". Une lucidité dure sur la vie alentour, les proches, ceux à qui on se confronte, à vivre comme ça (Squat).

Voilà : Camera Silens, sur ce premier album, étaient DURS. Une attitude et un son pris au "streetpunk", à la oï britannique – pas de distance arty, pas d’amusement, pas de foutaises. Avec un chant en français – parce que déjà, diront ensuite les anciens membres du groupe, pas le niveau, en anglais ; parce que surtout il fallait bien se faire comprendre, articuler les choses pour que ça frappe tout de suite ceux qui écouteraient. Un son rêche – non pas pesant et gras, plutôt sec, et gris lui aussi. Une voix rauque. Un jeu serré. L’écriture taillée pour couper, dénuée du moindre penchant pour la plaisanterie lourdingue des Trotskids, Collabos, Komintern Sect… Tous ceux qui se retrouveront sur les deux compilations Chaos en France, bouquets de provinces dont eux diront qu’ils y avaient figuré sur une sorte de malentendu. Ça peut rebuter, certes, ce parti-pris de sérieux permanent – et je dois avouer que certains refrains en chœurs hooligans (C’Est Comme Ça) peuvent me fatiguer, aussi. Mais voilà, ça fait la différence, c'est pour ça que ça reste – pertinent, encore, tellement plus tard, la "scène" dispersée. Il y a la chanson titre, Squat, Est-Ouest et sa vision simpliste si on veut mais sûrement pas candide – cette conscience de ce qui merde, qui s’imprime à tout sans prêcher, sans militer pour l’une ou l’autre parti. (Il semble d’ailleurs qu’à certains concerts du groupe, ça se soit plus d’une fois fini en roustes entre punks anarcho et skins à lacets blancs… Venait qui voulait – et qui y récoltait ce qui se tenait tendu dans l’air). Trêve de. Il ne s’agit pas de glorifier ça. Ni de vous faire croire que tout est parfait sur ce disque, que rien n’a vieilli. Seulement de tenter de dire ce qui m’y semble unique, différent, rare – en France, à cette époque.

Ce moment bref. Après ça le groupe allait calmer le jeu, sortir un deuxième album au son plus apaisé, frais, imprégné de reggae, d’autres influences. Sans Gilles Bertin – qui bientôt partirait pour une cavale de trente ans (il n’est reparu en France qu’en 2016, pour se rendre à la police – atteint du SIDA, passé non loin de la mort, lassé de fuir et "réconcilié avec la société" quelque peu, selon ses propres dires, après qu’on l’ait soigné sans rien lui demander, en Espagne) à la suite d’un rocambolesque casse (le braquage d’un fourgon de la Brink’s à Toulouse en 1988, commis avec treize autres personnes toutes issues des milieux anarchistes, squatteurs, autogérés, illégalistes…). Voilà pour la légende. L’album, lui, vient d’avant. Il n’appelle guère, au vrai, aux notes d'exégèse. Il tient encore cet air buté, déterminé, qui vient cogner au front de qui se met en face.

note       Publiée le lundi 26 juin 2017

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Note moyenne        6 votes

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zappymax Envoyez un message privé àzappymax

R.I.P. Gilles BERTIN

gilou Envoyez un message privé àgilou

Dans les années 80 le rock bordelais dominait le rock français, le FCGB dominait la ligue 1. Alain Giresse forever !

gilou Envoyez un message privé àgilou

https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/gilles-bertin-une-vie-en-sursis-12-les-annees-punk-drogue-and-brinks

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

je décroche complétement sur la suite ska, à l'inverse. Là la puissance de la voix, les compos aussi, sont inoubliables. C'est vraiment le groupe d'oï/punk qui dépasse largement sa scène. Un des seuls, sans doute le seul parmi les groupes francais.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ouep, ska et reggae mais avec une espèce de son frais-froid post-punk (voire légèrement "waveux" je trouve), qui lui va pas mal du tout. Quant à celui-là oui, il a côté alterno-français - et oï/streetpunk - bien de son époque mais comme je disais, je trouve que la dureté du truc, l'absence du côté gaudriole de pas mal des "collègues du secteur" et aussi la netteté du jeu fait qu'il dépasse d'une bonne tête nombre de machins de même provenance.

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