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Burning Spear › Dry & heavy

cd • 9 titres • 32:11 min

  • 1Any River3:22
  • 2The Sun3:43
  • 3It’s a Long Way Around3:07
  • 4I W.I.N.3:46
  • 5Throw Down Your Arms4:05
  • 6Dry and Heavy3:29
  • 7Wailing2:48
  • 8Black Disciples4:27
  • 9Shout It Out3:27

informations

Enregistré et mixé au Harry J’s Recording Studio par Sylvan Morris. Masterisé au studio Kendun Recorders. Produit et arrangé par Winston Rodney. Producteur exécutif : Don Taylor.

Design de la pochette d’après une photo de Kim Gottlieb. Design de l’insert d’après une photo de David Asher. Design/Art par John Willaim Burke/Rastagrafix. Direction artistique par Deirdre Morrow.

line up

Aston "Family Man" Barrett (basse), Burning Spear (Winston Rodney) (chant lead, percussions), Bobby Ellis (trompette), Vincent "Trommie" Gordon (trombone), Richard "Dirty Harry" Hall (saxophone), Bernard "Touter" Harvey (claviers), Earl "Wire" Lindo (claviers), Herman Marquis (saxophone), Betram "Ranchie" McLean (guitare rythmique), Robbie Shakespeare (basse), Noel "Scully" Simms (percussions), Earl "Chinna" Smith (guitare), Uziah "Sticky" Thompson (percussions), Leroy "Horsemouth" Wallace (batterie), Donald « Roots » Kinsey (guitare lead)

chronique

1977 : "l’année du punk" ? … On connaît l’histoire. L'album des Pistols ; le premier Clash ; le premier Damned avant tous les autres ; l’E.P. Spiral Scratch des Buzzcocks à Manchester… D’accord. Autre ressassée : l’année aussi où tout a tourné court. Le punk se figeant en punk rock, l’élan chopé par d’autres pour qui, immédiatement, il sera question d'une sorte de carrière, de sensation d'un moment – et de rester dans les clous d’un nouveau genre. Jouer vite et fort, brailler des machins plus ou moins subversifs. Pour les plus honnêtes – mais pas toujours les plus dotés d’imagination : durcir le son et balancer la rhétorique, les slogans, l’affirmation d’une fierté ou de l’autre sans chercher plus loin, d’autres vecteurs que les trois accords, la distorsion sommaire et le poum-tac invariable. Bon… Tout passe et d’autres, immédiatement – certains initiateurs du truc (Lydon/Rotten avec Public Image, tiens) ; certains et certaines plus jeunes (les Slits – non, pas "au hasard" -, ou Siouxsie, tout autrement…) – allaient vite œuvrer ailleurs, délaissant la chose mise à la mode. 1977 : l’année où sort ce disque de reggae - de l’un de ses plus intraitables pionniers, alors. Le genre d’album qui fait comprendre le lien – d'une jeunesse urbaine britannique en roue libre et rastas mystiques de l’île caraïbe. Tout est dans le titre, déjà : "Dry & Heavy", Lourd et Sec. Solidité. Juste ce qu’il faut dans la frappe - et l’équilibre, l’arrangement. La suavité paradoxale de cette voix pourtant rêche, au timbre haut perché si particulier ; la souplesse du groove, simple et solide mais coulante, agile ; la chaleur derrière le message – le "javelot flambant", c’est une torche et un foyer autant qu’une arme. Dry & Heavy : sommet possible de cette période où Winston Rodney réalisait sans peine, à chaque sortie, cette apparente contradiction : d’une musique à la fois compacte, ramassée ; et aérée, ondoyante. Un chant de combat, de résistance, de maquis – mais paré de couleurs vives, de nuances cachées dans la masse, les à-plats et les masses directement visibles. Pas étonnant donc qu’avec ce genre de disques Spear ait été l’un de ceux chez qui ceux des punks – on y revient – désireux de ne pas en rester "là" (la comédie cuir et épingles à nourrice, etc.) se soient particulièrement retrouvés. Avec le recul, pourtant, autre chose peut frapper : à comparer celui-ci et ceux-là, leurs musiques, c’est bien chez Spear que la production sonne encore le plus "moderne", que le son n’a pas fané. Dry & Heavy – comme Man in the Hill ou d’autres du même Rodney, de la même période – sonne toujours plus fort, à mon sens, plus juste, que n’importe quelle tentative des Ruts, de Basement 5 ou, que presque tous les hybrides reggae-punk du Clash, encore (à l’exception peut-être de Guns of Brixton et de quelques plages issues de Sandinista, OK) ; toujours pas usé. Question de ferveur pas empruntée ailleurs, pas rapportée – en passant, il ne s’agit toujours pas pour ma part de louer ou pas la mystique rasta, les psalmodies bibliques de ce type et d’autres ; seulement de constater qu’ici cette foi brûle haut et fort, rend plus intense ce qui est joué, affirmé. Question aussi – retournons le regard – de techniques pillées au monde investi, nouvellement conquis, en terme d’arrangements : à une certaine soul, un certain funk, un certain rock, même (cet usage particulier – bientôt devenu typique du genre, il faut aussi l’admettre, presque tic ; mais ici encore superbe, à la fois brillant et pas du tout à l’épate, toujours fondu parfaitement dans son d’ensemble – de la wah-wah sur la guitare). Question d’une autre avance, encore – et "en mieux" par rapport à ce qui se fera bien souvent dans la décennie suivante : sur ce que sera la "world music", bientôt, dans ces claviers "à l’africaine", déjà audibles alors dans certaines productions du continent (rumba, plus tard soukouss…). Le début sans doute – Rodney est, je le crois, l’un des initiateurs de ces circulations, avec Peter Tosh et quelques autres – des incessants allers retours à venir entre musiques jamaïcaines et africaines, encore, idées reprises et portées ailleurs, développées autrement selon les lieux, les compagnies, les nouvelles locales. Une musique ouverte, donc. Et cependant – le titre, décidément, ne ment pas : d’un bloc, sans compromis, rivée à sa, à ses singularités. Rien d’amolli. Rien encore qui se raidisse ou se délite pour plaire à ceux venus entendre autre chose, de la pop ou du rock à la syncope un peu altérée. "Le bois est sec mais il est encore lourd"… Eh oui. Et cette musique est dure et douce, encore – et combustible tout autant, quarante années passées.

note       Publiée le lundi 26 juin 2017

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