Toby Driver › Madonnawhore

« Bonjour, je m'appelle Toby Driver, j'ai 39 ans, j'habite toujours à New York City. Je fréquente assidûment les cercles publiques underground et mainstream de l'élite actuelle du revival retro de ma ville. J'ai auparavant montré un certains intérêt pour les musiques « eighties », avec mon groupe Kayo Dot, notamment sur nos deux derniers albums. J'ai alors souhaité réaliser mon second album solo, qui sera l'album de la maturité, à savoir un album de ballade où je serais, cette fois-ci, tout seul aux manettes (malgré l'aide de l'omniprésent James Plotkin, notre héros à tous). Le concept se base sur un jeu de mot, madonna-whore, la maman et la putain, et de ses conséquences éthiques et dialectiques sur l'évolution sentimentale de mes représentations érotiques ». De ballade, il en est effectivement question, quoique de loin, si ce n'est ce minimalisme voix/guitare sur la quasi totalité de l'album. Les gimmicks mélodiques accumulés depuis les deux derniers albums atteignent ici leur acmé, souvent pour le pire (« Craven's dawn », le chant éthéré, les guitares cristallines, ce petit arpège feignant, qui pourrait être parfaite mais qui est d'un ennui total) , parfois pour le meilleur (« Avignon », aucun lien, mais au refrain vraiment prenant). Globalement, l'album s'écoute avec un sentiment de pénibilité qui rappelle certaines errances de la mid-période de Kayo Dot, quand ça partait un peu partout sans aller nulle part. Le chant, peu inspiré, aurait même tendance à plomber des titres déjà en manque de dynamisme – nous ne sommes pas toujours bien loin du spoken words, avec des solos de guitare à la Devin Townsend. Plutôt qu'un album, trop ambitieux sur la durée pour ce quasi quadra aux dents toujours aussi longues, c'est un EP qui aurait suffi, avec les deux titres d'ouverture, vraiment bons – si bon que le reste s'en trouverait tragiquement fragilisé ? Je ne suis pas loin de le penser – en tout cas ils auraient eu largement leur place sur... « Coffins on Io » - trop dépouillés peut être ? On fera donc le constat qu'il est souvent difficile de tirer des leçons de ses échecs, car ce sont toujours les mêmes reproches qu'on lui fait, à monsieur Driver : trop de volonté, trop de cerveau, trop de prétention / ambition / et même dans le moins c'est trop, alors vas-y mollo !