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Enregistré au studio du CCAM.
Annick Nozati (composition, écriture, voix, piano préparé, structures Baschet)
La voix permet une mise à nu du monde. La force de son souffle, la puissance de sa vibration, ses possibilités extraordinaires de modulation en font bien plus que l’outil premier d’une langue. Elle inclut tous les langages, tous les timbres et possède même des vertus thérapeutiques, dans la médecine orientale comme chez les Indiens Navajo. Et ce n’est pas feu Annick Nozati, artiste branchée sur la musicothérapie, qui nous aurait dit le contraire. Femme aux multiples collaborations (avec l’Art Ensemble of Chicago, Joëlle Léandre et Irène Schweizer), l’artiste-peintre s’impose dès les années 80 aux côtés de Barre Phillips et Daunik Lazro : un changement de vocation produit par la rencontre d’un certain Jacques Lasry, chercheur en musique concrète qui lui reconnaît un talent exceptionnel et l’invite à s’aventurer dans le monde merveilleux des structures Baschet. La voix se destine à diverses modulations à travers ces fameux "instruments" des années 50. On cherche à épanouir les cordes vocales par des résonances et dissonances métalliques, permises par des tables d’harmonie. La peau des Anges, ce sont des prouesses vocales rendues possibles par la double corolle d’une Tôle à Voix – qui émet une réverbération naturelle sous l’effet d'ondulations sonores. L’amplification s’accompagne de fréquences propres au métal. Le début du voyage est presque immatériel ; calme, doux, étrange. "C’est un pays sans fin" vient bousculer cette tranquillité via la courte narration de textes, brodée autours de dissonances agressives, un peu à la Sidsel Endresen. Un piano "très" préparé rejoint la danse du palais de verre dans la piste éponyme, soulignant les efforts d’une poésie expérimentale où chaque syllabe est déstructurée – piano que l’on retrouve avec "Ivresse" notamment. Avec ses accents de musique traditionnelle, "Entre les choses" voit une pulsation métallique accompagner l’interprète, évoquant des cérémonies spirituelles bouddhistes qui s’aventureraient dans un registre plus aigu. Central, le triptyque "Suite Grande TÔLE Folle" présente une alchimie si forte entre le métal et le chant qu’on jurerait entendre un saxophone criard, avant la vocifération de borborygmes proches d’un Mike Patton sans pomme d’Adam. Ce très bel album finit comme il a commencé, en errance irréelle, comme si "Le chemin [qui] fait l’œuvre" était "Accompli". Un des plus beaux cris d’alarme du label nancéien.
note Publiée le vendredi 21 avril 2017
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