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Prairie Sun Recording, Cotati, Californie, USA, 1992
Tom Waits (chant, percussions, guitare, piano)
Musiciens additionnels : Kathleen Brennan (percussions), Ralph Carney (saxophone alto et ténor, clarinette), Les Claypool (basse), David Hidalgo (violon, accordéon), Joe Gore (guitare), Brian "brain" Mantia (batterie), Larry Taylor (contrebasse), Joe Marquez (percussions), David Phillips (pédale steel), Waddy Watchel (guitare), Keith Richards (guitare, voix)
Depuis "Swordfishtrombones" en 1983, Tom Waits n'est plus le même. Ses histoires d'alcool et de bars enfumés au petit matin, il les a emporté avec lui, de l'autre côté de ce coma éthylique dont il a été le seul à réchapper. Car l'histoire de Tom Waits est celle d'un survivant. Sa voix porte en elle toutes les cicatrices, toutes les cigarettes grillées, tous les bourbons ingurgités par le bonhomme depuis plus de trois décennies. A la fois roccailleuse comme celle de Captain Beefheart ("Such a Scream") ou émouvante comme celle de Neil Young ("Dirt in the Ground"), elle est la charpente de l'édifice qui nous fait passer par mille et une émotions. Ce "Bone Machine" a la consistance et la variété que les "Mule Variations" et autres "Alice" et "Blood Money" n'auront pas à sa suite. Ses histoires impossibles, il les illustre par une instrumentation volontairement biaisée (piano désaccordé, casseroles en guise de percussions) et il les traduit dans des langages qu'il connaît bien, des langages qui l'habitent et qui servent de véhicule à une certaine forme de repentir ; blues tribal, bien sûr ("All Stripped Down"), country ("Who Are You", "Murder in the Red Barn") ou même gospel ("Jesus Gonna Be Here"). Nous sommes seuls, livrés à nous mêmes, et désarçonnés face à un tel déballage impudique. Comme écrit plus haut, les percussions, le piano, mais aussi le banjo, contribuent grandement à l'élaboration d'une atmosphère étouffante même si relativement dépouillée. Les expérimentaux "Let Me Get Up On It" et "The Ocean Doesn't Want Me" rappellent le déjanté Dr.John de "Remedies" alors que le timidement jazzy "Dirt in the Ground" prent rapidement un virage sous forme de marche funèbre. L'énergie est elle aussi canalisée avec des titres rockabilly sortis de l'enfer, faits de brics et de brocs, comme joués sur les ossements de leurs victimes ("Earth Died Screaming", "In the Collosseum", "Goin' Out West"). Tom Waits signe avec cet album de 1992 le meilleur disque de sa seconde partie de carrière. Un album prenant, à l'ambiance presque religieuse, comme sortie d'une messe noire issue des temps anciens où les autochtones invoquaient les esprits à coup de vieux gri-gri. Oui, il y a définitivement dans ce disque des traces indéniables des cérémonies de sorcellerie qui se déroulèrent jadis aux alentours du bayou de la Nouvelle-Orléans.
note Publiée le dimanche 21 juillet 2002
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Le blues du fossoyeur, plein de poésie...
et hop