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Tallis      jeudi 12 décembre 2019 - 19:08

cd • 12 titres • 52:02 min

  • 1Galdı Galdı3:20 [reprise de Muhlis Akarsu]
  • 2Almanya Acı Vatan7:07
  • 3Yiğit Muhtaç Olmuş Kuru Soğana4:05 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 4Sorsunlar Beni4:00 [reprise de Muhlis Akarsu]
  • 5Ona Dön4:03 [reprise de Muhlis Akarsu]
  • 6Hele Yar3:13
  • 7Ayağında Kundura4:12
  • 8Ah Ne Olur Bizim Köyde5:01 [reprise de Aşık Mahzuni Şerif]
  • 9Hızır Paşa5:08 [adaptation de Pir Sultan Abdal]
  • 10Cenderme4:11
  • 11İzin İze Benzemiyor3:49 [reprise de Muhlis Akarsu]
  • 12Kıymayın Efendiler4:40 [reprise de Kerem Güney/Nâzım Hikmet]

informations

line up

Selda Bağcan (chant, bağlama) (autres musiciens non crédités)

chronique

  • folk turc moderne

L’anadolu pop, c’est terminé. Et Selda retourne à ses racines, rejoue vraiment du folk. Sa discographie devient de plus en plus confuse et voici son quatrième album « original », les morceaux s’entremêlant avec le précédent, sorti l’année plus tôt (sans compter une cassette de 77 comptant titres inédits et morceaux du deuxième album). Et voici que la couverture de l’album ne ment pas cette fois, Selda a repris son bağlama, les percussions y sont souvent minimales, une boite à rythme semble-t-il parfois. Quelques titres sortis en singles, mais la plupart juste passés d’une galette à une autre. Toujours des chansons écrites par le comparse Muhlis Akarsu, dont la magnifique et grave « İzin İze Benzemiyor », qui peut-être l’accompagne, mais difficile de savoir vraiment qui se joint à elle. De toute façon, on n’entend vraiment plus que Selda et son instrument, comme dans ses enregistrements de jeunesse. La voix a cependant pris du grain, n’a plus la même clarté juvénile, sans rien perdre ni de sa puissance ni de sa beauté. C’est que Selda a vécu, s’est pris déjà pas mal de coups, d’accusations diverses, ce qui n’ira pas en s’arrangeant après le coup d’état militaire à venir, c’est bien peu de le dire. Et la guitare sèche occidentale a cédé la place au saz traditionnel. Terminé l’anadolu pop on vous dit. Il faut savoir tourner la page. Alors forcément, un album plus austère aux oreilles occidentales sans les orchestrations variées des musiciens qui se pressaient dans les studios avec elle au milieu des seventies. Bağlama, voix et textes en avant. Des textes politiques comme le tout premier titre « Galdı Galdı », du genre qui la font passer pour une dangereuse menace parce qu’ils parlent au peuple, du peuple. Des mélopées déchirantes comme celle de tous ces émigrés en Allemagne, « Almanya Acı Vatan » et son jeu de bağlama sec, rude, ces couplets en choeurs polyphonique comme la voix d’une multiplicité en mal du pays. Selda, dont la voix se charge d’échos qui en accentuent encore la portée, continue de puiser dans le riche répertoire poétique et populaire de la Turquie, reprenant comme à son habitude deux chansons d’Aşık Mahzuni Şerif, accompagnée sur « Yiğit Muhtaç Olmuş Kuru Soğana » d’une envoutante ney, interprétant également un texte du poète alévi Pir Sultan Abdal, « Hızır Paşa », dont la sublime mélodie semble remonter du fond des temps. C’est aussi la force d’une approche moins arrangée, en s’éloignant des expérimentations de l’anadolu pop de ses deux premiers albums, Selda touche à une certaine intemporalité de la tradition, moins illusion de la permanence que simple dénuement permettant une expression plus intime, plus directe. Aucun sentiment monocorde cependant, avec tempo incitant parfois à la danse, il n’est jamais interdit d’onduler son corps tout en écoutant des paroles pleines de sens, même si ne pas les comprendre reste à jamais un regret. Alors c’est tout à la voix et aux instruments, à ce bağlama parfois encore électrifié, dernière trace de psychédélisme héritée de l’anadolu pop des sixties. Si le titre « Hele Yar » en rappelle un autre sur l’album de plus fameux de Erkin Koray, c’est ici une version bien différente de cet air traditionnel, qu’on imagine faire onduler les impossibles mariées anatoliennes avec cette zurna lâchée dans les airs en réponse à l’incroyable chant de Selda. Joie et tristesse. Grands sentiments et lutte politique. Qui mieux alors que le poète Nâzım Hikmet pour conclure, sur une musique de Kerem Güney, un des nombreux musiciens à l’avoir adapté, une orchestration rappelant le folk-rock psyché que Selda pratiquait avec Moğollar, « Que les nuages ne tuent pas les hommes », inspiré par la menace d’une catastrophe nucléaire : « En peignant ses cheveux, la jeune fiancée. Au fond de son miroir cherche un visage doux. Ne vous a-t-on cherché de même un jour passé ? Alors ayez pitié, beaux messieurs, des époux. Que les nuages ne tuent pas les hommes ». Ayant traversé les évolutions de l’anadolu pop, partant du folk pour mieux y revenir, Selda Bağcan reste de bout en bout, la plus grande. Encore et toujours.

note       Publiée le dimanche 19 novembre 2017

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    L'austérité lui va aussi magnifiquement bien.

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