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Kayhan Kalhor & Erdal Erzincan › The Wind

  • 2006 • Ecm ECM 1981 985 6354 • 1 CD

détail des votes

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cd • 12 titres • 63:42 min

  • 1Part I5:45
  • 2Part II7:27
  • 3Part III5:58
  • 4Part IV4:12
  • 5Part V4:41
  • 6Part VI4:48
  • 7Part VII4:39
  • 8Part VIII2:44
  • 9Part IX8:19
  • 10Part X3:42
  • 11Part XI3:58
  • 12Part XII7:23

extraits vidéo

informations

Enregistré à ITÜ MIAM Studio, Istanbul, Novembre 2004. Produit par Kayhan Kalhor et Manfred Eicher.

Improvisations basées sur des musiques Turques et Perses.

line up

Kayhan Kalhor (kemençe), Erdal Erzincan (bağlama), Ulaş Özdemir (divan bağlama)

chronique

Rüzgar. Le vent. Jamais sait-on comme il souffle. Il semble improviser lui aussi. Kayhan Kalhor, virtuose du kemençe iranien, au gré de ses propres bourrasques, le voilà à Istanbul, rencontrer Erdal Erzincan, lui-même maître de son instrument, le bağlama, appris auprès du grand Arif Sağ. Quand de tels musiciens se croisent, qu’arrive-t-il ? Se comprennent-ils ? L’Iran, la Turquie, des voisins. Depuis que je parle un tout petit peu Turc, je reconnais ci et là quelques mots de Farsi. Alors laissez-les tous les deux une heure ensemble, avec seulement un interprète dans la pièce, qui ajoute un son de basse pour arrondir les angles, et écoutez-les se lancer dans une discussion à bâtons rompus. Kayhan a l’habitude d’improviser. Erdal, moins, la tradition turque tirant vers la musique composée. Mais ils se lancent tout deux. C’est beau. Il faut se concentrer pour les suivre, les voir se répondre, s’attirer dans des danses d’ici, s’écouter et opiner, se contredire et repartir ensemble. Ce n’est pas de la musique d’ameublement, ça s’écoute comme on reste planté devant un tableau pendant longtemps, à scruter les moindres lignes, les moindres points, les moindres couleurs. D’une seule oreille, la monotonie risque de s’installer. Attention demandée. Pas pour la cérémonie, pas pour la leçon. Mais au théatre, on écoute les acteurs, non ? Ici aussi, il y a des scènes, des moments de violence, d’autres d’apaisement, de joie et de grande mélancolie. Comme sur la photo, là, ces deux chaises posées au bord de l’eau, alors que les vapür sillonnent les bras de mers, d’une rive à l’autre, c’est toute la beauté et la tristesse d’Istanbul. Les circonvolutions de kemençe et les arpèges de bağlama qui s’entrecroisent, une odeur de thé brûlant dans l’air, voilà qui serait parfait, surtout lors des incroyables piques de tension qui soudain s’amoncellent en nuages noirs, tempête de neige venue d’Anatolie peut-être, ou de plus loin encore… Et plus les deux musiciens s’entretiennent, plus l’envie de les écouter se fait forte. Comme des voix qui deviennent familières, auxquelles on s’attache sans s’en apercevoir. Plus leurs arguments deviennent complexes, plus leur jeu prend en ampleur, en lyrisme, en poésie. Comme ces discussions qui débutent timidement, par des échanges polis, pour se terminer un temps indéterminé plus tard, en ayant perdu sa notion, dans les vertiges de la passion (acte XI). Plus les numéros des scènes défilent, sans la moindre interruption dans la musique, plus tout est dense, est intense, tout est danse. Plus le fleuve se rapproche de la mer, plus il s’est chargé de limons. Un lemon dans le çay ? Ce goût de piquant dans l’amertume. En Turc comme en Farsi, il y a un mot simple pour remercier, le même, venu d’ailleurs encore : mersi.

note       Publiée le jeudi 11 mai 2017

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    dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
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    En tant que troisième amateur des musiques perses sur ce site, j'applaudis la chro et le commentaire. Musique comparée, voilà une juste définition. Côté oriental, il me semblait que tu avais chroniqué du Ghazal, mais j'ai dû rêver. Comme une envie de caravansérail ce matin, pfiou.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Et voilà la touche d'érudition nécessaire qui manquait à cette chro !

    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    Erzincan est un putain de virtuose, jouant du baglama comme s'il s'agissait d'un tanbur - et sa connaissance parfaite du répertoire iranien (le seul à jouer ce répertoire sur un saz, à ma connaissance) fait que l'association avec Kalhor le patron (qui lui est incollable sur trop de choses) ne ressemble en rien à ce qu'il y a de pire dans le mot "world musique", qui en réalité veut dire "fusion" et qui est à vomir, mais bien la rencontre de deux musiques millénaires voisine, la rencontre par leurs points de jonctions. Il faut être maître des deux pour réaliser une chose pareille, surtout avec pareille sensibilité et, à moins d'avoir l'oreille hyper avertie (l'Iran pour les part II et VII et IX pour les plus flagrants, de ce que j'en connais), de n'y voir que du feu. Gros kiff