Jarod, The Pretender, le Caméléon dans sa version francophone…En voilà un mec qui a la classe, avec ce sourire à faire craquer toutes les mamans et les mamies dans un rayon de mille kilomètres et ce regard glacial de tueur lorsqu’il fixe ceux qu’il va châtier pour rendre justice. Et que dire de celle qui le traque, Miss Parker, avec ses jambes interminables, son sex-appeal polaire (qui n’a pas rêvé d’être une des nombreuses clopes qu’elle fume à la minute ?)…C’est d’elle dont il va être question ici mais pas dans sa version cinématographique puisque que nous avons affaire à un combo originaire de Marseilles. Mon intro n’était pas uniquement destinée à appâter le chaland, je vois un parallèle entre la série et leur musique. Comme Jarod a l’air d’un citoyen ordinaire, Miss Parker ressemble à un groupe goth ordinaire, mais à l’instar du Caméléon, ils ont également ce don de brouiller les pistes. Ecoutez le début de ‘After’, cette mélodie toute innocente, il suffit que s’y pose la superbe voix grave du chanteur pour qu’on flaire qu’un truc plus obscur va se passer, ce qui sera le cas effectivement, avec la rythmique montant imperceptiblement, de manière quasi tribale, de manière à créer une tension qui n’éclatera qu’après près de trois minutes. ‘She’ ? C’est quoi, ce départ électronique limite technoïde ? Pas le temps d’y penser que basse et guitares rappellent vite qu’on a bien affaire à un groupe goth. Et le magnifique final ? Intense, limite indus, sans jamais perdre son efficacité mélodique, sans cesse aux limites de l’agonie, qui se relève à chaque fois la mâchoire ensanglantée prête à mordre, pour s’achever de manière presque douce…N’y allons pas par quatre chemins, ce disque est excellent, noir, torturé, avec des mélodies en béton. Qu’il s’agisse de l’excellent et mélancolique ‘Where are the lords’ (dont la touche gothic rock a largement de quoi rivaliser avec les Anglais), d’un ‘Holy ghost’ tendu, urbain version arrière-cour humide, interlope, de ‘The Rose’ plus rapide et dansant, tout y respire la maturité. On songe volontiers au spectre de Siglo XX dans son édition la plus sombre soit un rock gothique drôlement bien ficelé qui emprunte également à la cold wave, au post punk, à l’indus old school, et n’aime pas les étiquettes trop restreintes, le tout servi par un chant profond, habité et convaincant, et une production maîtrisée. Le rapport avec Miss Parker ? La beauté glaciale du tueur peut-être ?