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The Brian Jonestown Massacre › Methodrone
informations
Producteurs exécutifs : Dave Deresinski et Naut Human - Mixé et enregistré par Anton Newcombe, David Deresinski, Eric Holland, John Karr, Jessica Wing, Adriene Gulyassy
Comme la plupart des premiers albums du groupe, Methodrone est sorti à l'origine uniquement au format CD. - https://soundcloud.com/brian-jonestown-massacre/sets/methodrone
line up
Anton Newcombe (guitare, basse, batterie, chant), Matt Hollywood (basse, chant), 'Jeffrey' Jeff Davies (guitare), Rick Maymi (basse), Brian Glaze (batterie)
Musiciens additionnels : Graham Bonnar (batterie), Elise Dye (voix), Paola Simmonds (voix)
chronique
- rock néopsyché 90's > spoongazing
Le shoegaze américain. Cas passionnant, sur lequel je reviendrai. En quelque mots, on le caractériserait par : tardif, volontiers radical, généreux, et totalement obscurci par l'ignorance de la presse mondiale jusqu'à aujourd'hui inclus. Sans "Dig!", ce premier album du groupe serait donc l'un de ces chef d’œuvres cachés que les shoegazeux se passeraient entre deux uploads de groupes britons parfois surestimés voire trop trip-hop pour être honnêtes. Britons, oui. Car contrairement à la suite de l’œuvre du BJM, pas grand chose de Californien ici.
Cet album, qui en vinyle aurait été double, fait d'ailleurs passer une grande partie du shoegaze anglais pour une musique de lexomil... Et quand je dis "une grande partie", je veux dire tous ceux qui ont oublié de mettre dans leur mixture ces parties de batterie hip-hop (Chapterhouse, My Bloody sur "Soon") ou bien rock galopant (Ride). ça fait du monde. Tous ceux qui critiquent le Brian Jonestown pour ses errements et son attitude feraient bien de méditer ce fait : Methodrone est une somme, et bien des groupes d'indé US, et certains parmi les plus cultes, auraient fait une carrière la-dessus en suscitant les "amen" de noise mag ou autre à chaque publication. Pas Anton Newcombe, qui n'est jamais vraiment revenu dans cette direction alors qu'il ridiculiserait l'interminable liste de poseurs apparus dans les années 2000 sans le moindre effort. Mise au point faite, Methodrone est un drug album d'une impudeur totale, à laquelle il faut se faire. Les BJM font de la musique early 90's mais comme si on était encore en 1978, et qu'il fallait envoyer un colis piégé anonyme sous pochette kraft à Lou Reed pour lui montrer ce que les nouveaux junkies font de son Street Hassle. Vous voulez une bonne chanson de drogué qui n'essaye pas d'enrober la seringue de coton hydrophile mais se délecte sensuellement de tout le rituel du fix avec une sensualité de geisha ladyboy thaïlandaise (forcément) ? C'est le bien nommé Wasted, et son refrain poussé avec une candeur d'ado salivant de goûter au fruit défendu et d'enfoncer son pouce sur le piston en plastique... Autre opium sonore, l'opaque Hyperventilation, où l'on croit entendre "sleepin' blue" au lieu de "sniffing glue".
La lourdeur pâteuse de titres comme Wisdom ou l'impavide Crushed (une masse sonore qui se goûte) cotoie la propulsivité incroyable (ce batteur, encore !) de... Wisdom, encore, mais sur les refrains ; Et de That Girl Suicide, monstre de régularité hypnotique dont le gimmick comme perçu à travers la pochette ne vous lassera tout simplement jamais. Les envolées folles des disques suivants sont déjà dans ce refrain, un brin 60's et surtout d'une classe et d'une liberté cheveux aux vents, la main fermement crispée sur les poignées de gaz... Il faut le dire : Methodrone vous fera faire des rêves de highway vierge même si vous n'avez pas le permis.
Même punition (divine) mais différents outils sur Everyone Says, entre voix féminine éthérée et batterie précipitée qui frise le génie. Plutôt que de se contenter de se la jouer méchant où juste junky cool qui reste sur ses positions pendant 10 minutes, Newcombe et Hollywood succombent à cet autre cliché, à l'époque moins rabaché, de la drogue comme substance candide et génératrice de cocons mélodiques qui évoquent l'enfance douillette et les souvenirs d'été... ça donne She Made Me, impérial dans sa mélodie d'ensemble glissante comme une coulée de méthadone sur fond de pluie drone (j'ai pas été chercher loin, je sais). Le mot est là-aussi doux comme une madeleine et mérite qu'on s'y arrête : Mélodie. Oui, car il parait que Brian Jonestown Massacre plagie Spacemen 3... Spacemen 3 aurait donc fait des chansons ? avec des mélodies accrocheuses ? C'est un peu fatigant de lire toujours le même contingent de "puristes" de Spacemen 3 qui crachent sur Loop et sur BJM alors qu'à l'époque de ce Methodrone ils en étaient encore à essayer de trouver dans quel sens enfourner les CD de Guns'N'Roses de leur grand frère dans la chaîne hi-fi de maman partie aux courses... Spacemen 3 ont certes inspiré Brian Jonestown Massacre (comme des centaines d'autres groupes, leur influence est énorme), mais le sens mélodique et la concision de ces-derniers les rangent clairement dans une autre catégorie. Pas meilleure ni pire, simplement plus rock, plus pop, moins délayée, moins ritualiste aussi. Ce qui n'empêche pas certains instants de sublime recueillement, tel ce End Of The Day tout simplement hypnagogique hormis la voix, puant la mélancolie et le désœuvrement urbain à des KM. Du niveau de My Bloody Valentine, ni plus ni moins.
Tout Methodrone balance ainsi, dès l'ouverture Evergreen, entre groove 90's as fuck, chant lassé et lessivé pour compter les heures et dompter l'ennui (ça aussi, ça paraît so 90's, pas vrai) et les monochromes de guitares shoegaze MAIS saturées, grungy donc, sur Outback ou un peu partout sur l'album. En gros, il y a vraiment toutes les nuances de la classe early 90's sur Methodrone, qui est déjà un genre d’aboutissement. C'est le seul disque qui exsude cette atmosphère hybride, sensuellement chimique et aussi berçante que cogneuse. Anton Newcombe n'a bien sûr rien d'un marchand de sable, c'est même plutôt du genre à venir vous jouer un bootleg strident de Charles Manson ou de Bobby Beausoleil pendant votre sommeil, là, sur le dernier matelas non souillé laissé par cette bande de toxicos hirsutes. Le simple fait qu'il soit passé inaperçu à l'époque montre bien que 1/ il y avait trop de groupes de rock indé 2/ on ne faisait vraiment pas gaffe aux américains quand ils refusaient de faire le grunge ou autre musique qu'on attendait d'eux. Car oui, Methodrone est l'un des meilleurs albums de shoegazing du monde, c'est l'évidence mais il faut l'écrire, tant la suite va développer un univers bien différent, sur la longueur qui plus est.
Ce n'est pas encore le Brian Jonestown Massacre plein de morgue et de poses qu'on connaîtra, la voix de Newcombe n'a pas encore ce ton reconnaissable, cette joie dans l'aigreur, même si le génial midtempo lancinant de She's Gone annonce les tourneries néopsyché à venir. En attendant, c'est un tube pour piste de danse au ralenti. Je ne sais pas pourquoi je ne mets pas 6. Une certaine molesse, une certaine facilité? Oui, tout cela semble trop facile pour Newcombe et son groupe, ils survolent le genre avec trop de classe, il leur faut s'attaquer à leur everest perso, bien plus atemporel, la musique des Byrds et des Stones, dès l'année suivante... "In My Life, I've Seen It All"
Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

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- coronavirus › Envoyez un message privé àcoronavirus
72 minutes , c'est long , trop long, surtout quand c'est monolithique à ce point. C'est dommage, car je trouve La première partie de l'album passionnante , comme étant transporté par un petit avion direction les nuages à regarder petit à petit le sol s'éloigner , avec pour sommet atteint "Hyperventilation". Je décroche complètement par la suite avec la furieuse envie d'atterrir
Message édité le 22-02-2025 à 08:49 par coronavirus
- Note donnée au disque :
- Giboulou › Envoyez un message privé àGiboulou
Sniffing glue... Just me and you (hyperventilation). Dé-colle-age garanti.
- Aladdin_Sane › Envoyez un message privé àAladdin_Sane
Pas encore écouté celui-là mais je découvre la discographie du groupe en ce moment donc ça ne saurait tarder. J'aime beaucoup "Take it from the man", éloigné du shoegaze, et qui se veut plus un hommage à la pop anglaise des 60's. Sinon, le groupe vient de sortir un nouvel album (Don't get lost), le 17ième album !!! Sans compter les EP...
- nicola › Envoyez un message privé ànicola
Il est à noter qu’ils ont donné leurs albums en téléchargement gratuit pendant un certain temps sur leur site.
- Note donnée au disque :