Et donc voilà le père Weasel rouge de colère contre la réélection du fils Bush en 2004, hold-up de la décennie passée… Depuis, le hold-up nouveau des bleus républicains est là, avec lui la nouvelle génération de dinosaures de droite US… Et elle fait passer Bush pour un sympathique fermier mal embouché mais trop neuneu pour être malveillant. On imagine quel disque va ou a déjà pondu (j’ai pas vérifié, l’homme est du genre hyperactif) Weasel Walter cette fois pour se défouler de cette vexation, lui qui avait pondu ce grand disque en colère en 2004 à chaud après la réélection du « pire président des USA » (pire jusqu’au prochain, hein ? sacrés yankees, va). Comme les super-brutaux albums d’Hella de la même époque, et un paquet d’autres dans le noise-rock et ailleurs, The Void fait partie de cette génération d’albums en colère face à la politique néo-conservatiste qui refuse de s’en aller, et son titre est on ne peut plus symptomatique de cette période, ouverte après le 11-septembre, et dans laquelle nous suffoquons encore : Le Vide. Celui qu’on fait semblant de ne pas nous vendre (en réalité, tu paies des forfaits internet et téléphone, connard) en petites tranches d’Instabook, Facegram et autres réjouissances qui se préparaient en coulisse en 2004. Autant dire, le vide, quoi. Et quand on a la malchance d’être un idéaliste à la Albini biberonné à Magma, au Free Jazz et à la No-Wave, le vide, on a horreur de ça. Faut que ça sorte, faut que ça charcle, faut que ça débite, faut que ça cravache menu. C’est donc ce que fait cet album irréprochable dans sa gargantuesque colère, en huit tranches de mégatumulte passant par saignées de scie circulaire à vif (ces guitares, waoh... noise rock 3.0) et épuisantes pluies de coup de latte dans une batterie qui n’avait qu’a voter blanc. Dernier titre : « Sword Of Atheism », par comparaison avec « Sword of Islam » voyez ? Le tout procure visions d’un Killdozer écrabouillant une masse humaine fluo et barbichue dans le public de Coachella (c’est gratuit), excavations de ferraille agonisantes extirpées des décombres, crissements effroyables de l’acier mutilé et du béton en charpie… J’attends encore, que dis-je, j’espère, car l’espoir fait vivre, un disque ou même un morceau de metal extrême qui me désosse le cerveau comme ce The Void. Ce disque n’est pas violent. Aucun disque n’est violent. C’est le futur qui l’est. C’est le bruit que feront nos os, comme ceux des « Smart » Phones (« Smart » jusqu’à ce qu’on les remplace, voyez) dont la masse des abrutis ne veut plus, quand ils passent dans le broyeur où une pelleteuse les jette. Mais bon, vous savez ce qu’ils disent, les encravatés des années 40 comme de maintenant : « ça crée des emplois ! ». Depuis, le vide s’est agrandi. Pas la peine de faire F5, les lois de l’entropie sont connues et bien rôdées.