Meurthe/Veuve SS › Split EP

C’est court, oui. Trop. Neuf minutes, même pas. Mais quelle parfaite ambiance de merde. Meurthe, recto : une seule plage – la plus longue, d’accord. Une sorte de field recording fait avec des instruments – larsen lancinant diffus, pianotage perpétré à défaut sur un probable manche de guitare, cordes à vide. Prise de son de la cellule de la pendue – Ulrike Meinhof, la Fraction Armée Rouge, tout ça – après qu’elle ait fini de s'y balancer. Ou de tout autre lieu désaffecté, corps abandonnés, mort installée dans le gâchis tranquille. Verso, Veuve SS : à leur moins patient, leur plus poissé au sol, aux murs, au mur. Glaviot hardcore malsain, traînée de malheurs jaune-noir-gris. Ça commence par Max Cady – cité en trois lignes qui font tout le texte, recta – le psychopathe mégalo de Cape Fear (Les Nerfs à Vif), obsession probable du brailleur Lecorre puisque ces trois mêmes phrases reviennent ailleurs, sur une autre disque, samplées sur la VF du film. Je suis aussi grand que dieu et dieu est aussi petit que moi. Arrêt prématuré de l’histoire. Ça continue par d’autres débectées, découragement vautré, bien après la fin de l’envie. Que des culs, des bouches. Toujours les mêmes conneries. Bloqué. Clôture continue du jour, métro boulot caveau – mais même pas, en fait, juste une cage en béton, appartement, dortoir, mouroir. Voix malade. Ça communique seulement l’ennui exaspéré, l’odeur rance des peaux. Des bouts, déchets, de la musique débris de Flipper. Par exemple. Ou d’autre chose, de batterie plus nerveuse que ça – s’emballe à la black sans que Satan vienne sauver. Pas de mise. Pas de mine. Guitare et basse en couches bavées mais cassantes, carapace où ça s’enfonce. Écœuré, qu’il régurgite encore. Dégoût par cœur, qu’il insiste. Oui, c’est fini, déjà. Oui, cette brièveté frustrante fait à coup sûr partie du mauvais coup, du mauvais tour. Qu’on le retourne encore, le revers double salopé. Qu’on l’essuie souvent la chique – crachat sec et collant pourtant, filé entre les chicots ternes.