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Isabelle Huppert & Jean-Louis Murat › Mme Deshoulières

  • 2001 • Labels 7243 8 10023 2 2 • 1 CD

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cd • 17 titres • 36:41 min

  • 1Je vous attendais0:35
  • 2Soyez inexorable4:14
  • 3Inquiétude3:31
  • 4Les carosses0:22
  • 5Contre l'amour3:18
  • 6Maudit talent0:28
  • 7Ode à Climène7:30
  • 8Les songes, les atomes1:10
  • 9De rose ne reste que l'épine2:55
  • 10Inflammables0:29
  • 11Entre deux draps2:07
  • 12Bagatelles0:40
  • 13Les attraits2:16
  • 14Taisez-vous3:11
  • 15Bobo2:19
  • 16Sincère langage0:26
  • 17Bye Bye1:10

extraits vidéo

informations

Enregistré au Studio Davout et au château de Chazeron par Christophe Dupouy. Produit par JL Murat.

Tous les textes (sauf les dialogues de 1, 4, 8 et 17) sont de Antoinette des Houlières (1638-1694)

line up

Jean-Louis Murat (chant, guitares, basse, batterie, rhodes, minimoog, luth), Isabelle Huppert (voix), Chrystel Meier (clavecin), Claudine Blanc (viole de gambe), Anne-Marie Lasla (viole de gambe), Jean-Baptiste Dubois (luth), Daniel Meier (orgue, arrangements baroques)

chronique

Quand Jean-Louis tombe sur un recueil de Antoinette Des Houlières, femme de lettre et poétesse du 17eme siècle, il se pique de l’idée d’aller la rencontrer. Fort de son aura auprès de la gente féminine et malgré une aversion pour le monde du cinéma, le brenoï a tourné une fois avec Jacques Doillon et s’est emmerdé comme je m’emmerde devant les films du sus-dit, ce n’est pas une chanteuse qu’il courtise pour incarner Antoinette, mais bien Isabelle Huppert, actrice chabrolienne au sommet de son art. Mais donc pas chanteuse, même pas pour deux sous. Ca n’est pas grave. Ses rires claires suffiront à compenser sa façon caillouteuse de chantonner les textes doux-amers, non dénués d’un certain humour revêche, en particulier pour une femme à cette époque, de Madame Deshoulières. Drôle de projet pour un Murat qui sort de l’aventure Mustango, considéré alors et avec raison comme le point d’orgue de son parcours. D’autant plus que Murat va fouiner du côté du Conservatoire de Clermont-Ferrant pour y débaucher un professeur qui va lui concocter des arrangements baroques pour la plupart de ses morceaux et interludes parlés, où il faut bien le dire, Huppert est nettement plus à l’aise. Viole de gambe, luth et clavecin, voilà que Murat, l’américain de coeur, le Johnny Frenchman, se plonge dans la poésie classique françoise et un héritage musical à mille lieux de ce qu’on en imagine, bien à tort comme d’autres expériences à venir le démontreront. Alors le voilà, ce bon vieux barde auvergnat, qui embarque sa guitare sèche dans sa DeLorean et interprète une sublime « Ode à Climène » avec un classicisme folk qui sied tout aussi bien aux mots du 17eme que les arrangements baroques qui ailleurs font figure d’ornements. Jamais Murat n’a semblé plus proche de la chanson française, loin la pop synthétique, loin le country-rock tordu, loin le velouté électronique de Dolores. Quoique ? Alors qu’il n’y a point vraiment de duo, encore moins de couple entre les deux artistes, Murat reste de son temps et fait d’« Inquiétude » une façon de blues éthérée avec goutes de Moog qui viennent s’écouler le long des mots d ‘Antoinette « De tout ce que je fais mon coeur n’est point content, hélas cruel amour que je méprise tant », on s’y croirait à nouveau dans Dolores, pas étonnant que Murat ait craqué pour ces textes-là, ça résonne d’une certaine familiarité. Et c’est au fil de pistes intermédiaires où Huppert soupire les amours perdus et se questionne sur la réalité des atomes qu’on entend le mieux la voix d’Antoinette. Quand elle chante, on soupire après Jean-Louis qui se glisse, lui, avec la même grâce sous tous les draps. Serait-ce lui qui vient d’un autre siècle ? Non, même le délicieusement baroque « Taisez-vous », où le dialogue se fait entre chant et parole, la meilleure formule qui soit entre un chanteur et une actrice, est parfaitement moderne, ne se grime pas en revival classique. D’ailleurs l’album est empli de ces contrepieds et croche-pattes à la logique chronologique, comme la voix d’Antoinette sur un répondeur et surtout, lors des adieux de Jean-Louis à sa poétesse d’un autre temps, le son inimitable de la portière de la DeLorean (la vraie !) alors que Huppert répond « Ouais, c’était sympa. Enfin, dur, mais sympa le dix-septième. » Et c’est là qu’on comprend l’astuce : ce n’est pas Jean-Louis qui s’est téléporté dans le passé, c’est Madame Deshoulières elle-même qui avait fait un petit coup de machine à avancer dans le temps, tout comme sa poésie semblait étonnement moderne. Ce qui explique aussi le ton d’un morceau comme « Bobo », mixture de riffs bluesy colériques et de mots écrits sous un de ces vieux Louis et qui pourtant ne sonnent absolument pas anachroniques. Voilà ce qu’on appelle une rencontre, sans besoin de se croiser physiquement.

note       Publiée le jeudi 5 avril 2018

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