Hedzoleh Soundz › Hedzoleh

L’effervescence musicale des seventies se mesure à l’échelle mondiale. D’ouest en est, la scène musicale africaine est en pleine ébullition, influencée par leurs lointains cousins afro-américains : quand Mahmoud Ahmed ou Gétatchèw Mèkurya font danser les foules en Éthiopie, le Nigérian Fela Kuti fait naître l’afrobeat. Ce dernier donnera matière à réflexion par-delà des frontières, notamment au groupe ghanéen Hedzoleh Soundz, d’ailleurs repéré au Napoleon Nightclub par le Black President himself. Des artistes résolument pop mélangés à une troupe traditionnelle, osant le mélange des genres, interpelant le public lors de concerts afro-funk endiablés et diffusant un sentiment libérateur de retour aux sources : c'est l’afrocentrisme. La tendance gagne en popularité chez les jeunes et attire même Hugh Masekela, alors en panne d’inspiration. Sous le charme de leur tube "Rekpete", le jazzman américain profite du départ du leader (Lash Laryea) pour enregistrer un album sous son propre nom et mieux vendre cette somme de talents venus du Ghana. Le LP original du groupe sera négligé une bonne quarantaine d’années, et il faudra attendre la réédition de Soundway en 2010 pour une véritable rencontre avec son public – public élargi. Ce disque ne fait que confirmer ce qui faisait la renommée d’Hedzoleh Soundz, c’est-à-dire la symbiose quasi-parfaite d’éléments highlife et d’une impulsion funk propre au genre. Contrairement à l’album de Masekela, les percussions sont davantage en retrait ; la partie de flûte donne aussi à l’ensemble un côté plus authentique, qui rapproche sans mal les Ghanéens d'autres grands noms du Bénin ou du Togo. Entre les percussions yoruba, la guitare électrique, notamment dans les excellents "Rekpete", "Hearts Ne Kotoko" et "Hedzoleh Soundz", apporte l’ingrédient volté qui classe cet album dans la catégorie des petits trésors retrouvés de la musique africaine. De ceux qui en plus, grattent un peu vers l'expérimental !