Fushitsusha › The Time Is Nigh

C'est parti pour une orgie de métal fondu, dans la foulée. En effet, The Time Is Nigh est le deuxième album de Fushitsusha à paraître chez Tokuma, le même jour d'avril 97 que son faux-jumeau à l'aspiration philosophique. Beaucoup plus furieux, le tableau fait (encore) moins dans la dentelle... amateurs de psychédélisme, s’abstenir. Le temps approche à pas feutrés, doucement ; mais des battements de cœur indiquent l’arrivée tonitruante des pilonnages incessants de Keiji Haino, qui revêt pour le coup un manteau de terreur. Dès lors qu’il fait tonner sa guitare, le message devient univoque. Une scie circulaire dézingue le tambour d’une machine à laver en essorage et engloutit l’espace, comme pour chercher à expier une profonde douleur. Là-dessus se crée un décalage par une présence vocale complètement détachée du cauchemar ambiant. Au bout de vingt minutes de "My Precious Thing", l’air devient irrespirable. Ce sera la même chose dans les deux autres morceaux : si par moments, la basse et la batterie refont surface après une apnée prolongée pour former un trio plus classique, elles ne tardent pas à se dissoudre dans le magma électrique qui survole largement les débats. Haino vocifère à pleins poumons dans un champ aussi aride que mortel. Aucune concession n'est de mise, pas de pitié pour les tympans. Jun Kosugi paraît déjà s’effacer derrière les fûts pour cette ultime collaboration avec Fushitsusha, avant de rejoindre Shizuka. Une fois l’orage passé, on ne peut que constater les dégâts dans un silence portant encore en lui les stigmates de cette tragédie sonique.