John Dark › Stupid Girl

John Dark alias Jesus Traitor ne fait pas partie du hall of fame de la techno hardcore. Moins connu en France dans le gabber que Micropoint et leur EP "Sodomination" (tout un programme), ce franc-tireur a connu son heure de gloire à l'aube du nouveau siècle, quand le web avait encore un goût de caramail fondant. Créateur du bien-nommé fanzine aux cinq numéros "Chiesen Storm", genre de BD d'initiés potache au goût très incertain (si ce n'est celui de la merdre), le DJ corrosif s'y adressait à un public averti en conchiant allégrement sur les "petits pois" hypés par la scène alternative, qu'elle soit berlinoise ou importée d'Angleterre. On découvrait son antipathie pour Laurent Garnier, l'IDM en général, le patron du label Praxis ou encore le collectif Spiral Tribe - une hostilité qui s'arme d'un humour cinglant. Voilà le portrait. Pour le coup, la pochette du maxi "Stupid Girl" illustre à merveille cette personnalité foutraque et iconoclaste, en collant dans le même cadre Hello Kitty, des bouts de Pokémon, les Supers Nanas de Cartoon Network et des robots de séries Z ; le titre du disque, quant à lui, fusionne avec le label et le pseudo de DJ Elvira, à la prod des quatre titres. Bref, c'est un peu le foutoir, mais question musique, ça ne laisse rien au hasard. Si John Dark a été élevé au biberon de la pop-culture nippo-américaine des 90s, quoi de plus naturel pour lui que de se pencher sur l'Amigacore ? Dans le sillage d'Atari Teenage Riot, en réaction à la dance music et un certain romantisme dans la techno, son disque sorti en 2001 par la team DKP est aussi court que jouissif. Du son old school distillé entre 169 et 200 bpm. Le pied, en particulier la face B, tempête spatiale succédant aux lasers et beats sortis d'un mémorable "Simetierre" de borne d'arcade. Ça passe à une vitesse folle, il faut profiter du trip autant que possible avec le volume à fond. En 2014, John Dark a signé son retour avec un split, après dix ans d'absence dans les bacs... motivé par le regain d'intérêt récent pour les bips vidéoludiques des années 80 ? En tout cas, c'est peut-être pour ça que "Stupid Girl", faussement simple et ultra-efficace, semble si bien tenir la route. Merci à JD, aka l'homme qui avait trouvé 6 millions de manières d'être un conn*rd !