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Jean-Louis Murat › Muragostang

  • 2000 • Labels 7243 8503712 2 • 2 CD

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Membre Note Date
SEN      vendredi 31 août 2018 - 14:08
Raven      lundi 16 janvier 2017 - 00:52

cd • 7 titres • 58:19 min

  • 1Jim9:24
  • 2Washington6:39
  • 3New Yorker6:53
  • 4Bang Bang12:42
  • 5Au mont Sans Souci3:35
  • 6Le fier amant de la terre8:03
  • 7Belgrade10:58

cd • 6 titres • 47:28 min

  • 1Ami amour amant7:27
  • 2Polly Jean7:32
  • 3Les hérons4:36
  • 4Belgrade II7:38
  • 5Nu dans la crevasse15:11
  • 6Viva Calexico5:10

informations

CD 1 enregistré à L'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 8 Mars 2000. CD 2 enregistré à L'Usine, Istres, le 3 Mars 2000 et au Théatre de la Licorne, Cannes La Boca, le 4 Mars 2000

line up

Jean-Louis Murat (chant, guitares, piano), Denis Clavaizolle (claviers, guitare, piano), Alain Bonnefont (claviers), Régis Pulisciano - Oomiaq (claviers)

chronique

  • murat sombre et expérimental

La tournée Muragostang, le point limite où Murat déstructure son plus grand album. Assis avec sa guitare, inspiré par les encouragements de Marc Ribot à jouer lui-même, une multiplicité de samples balancés avec des pédales à ses pieds et trois hommes-claviers dont le fidèle Clavaizolle qui signe la sa révérence. Mustango y est étiré, délité, concassé et reconstruit dans des atmosphères électroniques, Jennifer Charles n’y est plus qu’un hologramme, mise en boucle brisée, jouant à cache-cache dans la longue intro de « Jim » qui donne le ton de repères brouillés. Mustango programmé, codé en pulsations. On y retrouverait plus ses petits chats, qui font miauler le Murat lui-même à la fin du parcours autoroutier de « Bang Bang », lardés de surgissements de sons dissonants sur ses longues minutes démultipliées, tout crisse, la carlingue comme la guitare du brenoï, comme sa voix qui d’un coup hurle en contrepoint d'atmosphères entre deux eaux, claviers paumées dans les perturbations radio et météorologiques. La menaçante complainte native-américaine du « Fier amant de la terre » se coule dans un groove plus soyeux que sur l’album studio, dans un trip-hop en jazz électronique hyper-sensuel, qui sur la fin s’affaisse dans un ralenti où passent les machines. C’est que tout semble aller à vaux l’eau, même quand Jean-Louis se met seul au piano pour l’irrésistible « Mont Sans-Souci », il ne peut s’empêcher d’en caviarder la fin en imitant un sale gamin au chant grotesque et comique. Respiration qui ne prépare en rien aux deux versions de « Belgrade », aussi chaotiques l’une que l’autre, la première fleurtant avec l’indus, saturées de samples sans dessus dessous, Murat dérivant sur les paroles de « Johnny Frenchman » pour conclure, la seconde encore plus oppressante, débitée à un rythme d’escargot, bruitiste mais à deux de tension, expressionniste et cauchemardesque dans son final où ressurgit le beat de la première version puis des voix trafiquées infâmes alors que s’égrène les battements d’un clocher sinistre, d’une horloge terminale. Les sons glanés ici et là creusant dans le subconscient, c’est l’hypnotique voix de Jean Genet entendue au début d’un Polly Jean de sorcellerie d’où surgit aussi, sous les claviers hantés de Clavaizolle et leurs vagues de nova littorale, une étrange lecture mythologique, peut-être bien par l’étrange journaliste Christophe Bourseiller. Les morceaux de Mustango ainsi pétris prennent des chemins détournés, croisés d’inédits inoubliables, les cryptiques vignettes politiques de « Washington », émouchine et Lumumba sur beat technoïdes et claviers spatiaux de sieur Oomiaq; le spleen New-yorkais d’un Murat qui « traine les soirs au Tonic » ou dans d’autres clubs pour y rencontrer « l’autre Marc », Ribot, un premier Marc, Eitzel, ayant déjà fait une apparition fantomatique. Légèrement désabusé, paumé dans la ville debout, le brenoï, les notes du piano tombent en gouttes de pluie sous des nuages électroniques jusqu’à l’énervement de la guitare, « C’est dur le choix d’une vie quand on a pas le choix du pays ». Amère conclusion. Sous des augures qui évoquent les suspensions de brouillard à flanc d'une montagne plus familière, Murat, fidèle à lui-même, met à nu son sex-appeal pastoral sur « Ami Amour Amant », long poème planant auquel nulle ne pourra résister, avec sa voix à irriguer les muqueuses à chaque nouvelle syllabe, qui se boucle comme il se doit. Moins pressé que jamais, détachant chaque mot, chaque note, laissant les silences accueillir l'inquiétude de nouveaux sons étranges, il fait de « Nu dans la crevasse » un monstre de suspens de plus d’un quart d’heure, une version d’anthologie d’abord totalement minimaliste puis en souffle de tempête à chaque reprise du refrain. Les frissons remontent du souvenir d’avoir assisté à ça en chair et en os, les estrades qui tremblaient chaque fois que les trois claviers semblaient perdre tout contrôle, comme entrainés dans un trou noir, alors que le Jean-Louis, dans sa cavité-neige, hurlait qu’on l’efface une bonne fois. Une monumentale version d’un morceau déjà fabuleux, qui prend la une dimension hallucinée, des coordonnées cosmiques. Il faudra un dernier blues désertique sussuré pour Joey et John afin de retrouver un semblant d’esprit. Murat ne retournera jamais dans des contrées aussi lointaines.

note       Publiée le samedi 14 janvier 2017

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Clairement un de mes albums préféré de l'univers. J'ai eu la chance de le voir sur cette tournée, j'en garde un souvenir absolument impérissable. A ce propos, y a aussi de l'archive vidéo, de l'époque où y avait des trucs vraiment cool sur Paris Première : https://www.youtube.com/watch?v=c1juXMDjS3Y&frags=pl%2Cwn

    SEN Envoyez un message privé àSEN

    Mais quel live de ouf quand même !

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    SEN Envoyez un message privé àSEN

    cette version de "Nu dans la Crevasse " !!!

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    vincenzo Envoyez un message privé àvincenzo

    Murat... J'y arrive pas... La musique et le personnage...

    SEN Envoyez un message privé àSEN

    ça me fait penser qu'il me le manque celui là ! Pour la note le 6 boules n'est pas volé !

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