Quand un groupe se choisit un nom tel que Cocktail Twins, voilà qui en dit long sur sa portée musicale et son humour; je suis assez fan mais ce n’est pas de ce projet-là dont il est question aujourd’hui. Box (d’après la chanteuse Box von Dü) and the Twins (non, les deux autres ne sont pas des jumeaux; autre clin d’oeil aux Cocteau ?) pratique une musique à l’image de la magnifique cascade ornant la pochette du cd, quelque chose d’éthéré, dilué mais également empreint de force, une énergie tranquille, immuable…Pour moi qui ne suis guère amateur de shoegaze ou de musique trop planante, le trio parvient à éviter l’écueil en injectant la touche organique donnant un vrai corps aux morceaux. Les sonorités sont froides et belles comme un paysage d’hiver, le chant évolue dans un léger halo de réverbération lui conférant un aspect fantomatique tout en restant lié aux forces de la terre. Pas mal de mélancolie donc mais une mélancolie apaisante évoquant les éléments du froid (neige, eau, brume…) dont le rythme pourrait bien souvent se calquer sur le pas du promeneur romantique marchant dans la nature ou regardant couler la cascade. ‘Everywhere I go silence’ (produit par Hélène de Thoury de Minuit Machine) porte bien son titre, sa production dépouillée mais efficace sonne parfaitement équilibrée, qu’il s’agisse titres lents (en majorité) ou plus rapides (le bon et dansant ‘Ice machine’ qui n’a rien à voir avec une reprise de Depeche Mode) et laisse miroiter des nuances de lumière ondulantes derrière un masque de glace, la parfaite bande-son d'une promenade hivernale.