Les bons albums font les bonnes compilations. Et donc voici, pour l’entrée du NKVD dans guts, la compilation de "Diktatura" avec la tronche de quatre poètes et néanmoins êtres humains sur la pochette, et "Vlast", qui reprend les belles couleurs de la Prusse, mixées avec des croix et des faucilles et du marteau. Vous mélangez tout, qu’est ce que ça donne comme couleur, comme pochette ? Du noir. Des cris, une sensation de froid, rythmée par les références à tout ce qui se fait de plus débile en matière politique, à savoir "plus je fais souffrir mieux ça marche". Étonnant, non ? C’est quand même dingue, quand on y pense. Ce sentiment d'affreuse inutilité de tous ces régimes politiques, cette stérilité, cette impression de patiner dans la semoule malgré tout ce que peuvent dire les zinzins sur le caractère « moteur de l’Histoire » des "Grands Hommes" qu’un baron languedocien décédé il y a peu avait su mettre au bon endroit : sur une placette dégueulasse à l’ombre d’un supermarché Casino. Pour revenir à NKVD, dont le nom est une référence directe à des joyeux drilles adeptes du SM politique, comme tous les autres termes, thématiques, et nombreux samples qui fourmillent dans cette compilation : ceci est du metal qu’on qualifierait « d’industriel » parce que, je sais pas, ça sent l’usine, et qu'évidemment dans les usines, on fout plein de monde qui doit soigner sa cadence de manière uniforme, ordonnée et sans espoir de quelque retour sur le travail donné quasiment gratuitement à un mec, un groupe, quatre cadavres ambulants. Ça sent donc la misère affective, la foule neuneu, la sécheresse, l’aridité de tout ce cirque politique, de tous ces discours destinés à remplir l'espace disponible de nos cervelles de mouton. Sur la guitare d’un mec il y avait écrit « la politique c’est pour les faibles » ; pourquoi pas ? Pourquoi ne pas voir tous ces gens de pouvoir comme des impuissants, pourquoi ne pas nous voir comme des moutons castrés à bêler comme ça pour des mecs qui passent leur temps à se battre contre la nature et à s’épuiser à faire tout simplement n’importe quoi. C’est tout cela que m’inspire les travaux de « NKVD », qui se poursuivront plus tard sous un autre nom, toujours aussi noir et plein de sons d’usine. Le discours est donc serré comme du café italien de comptoir et cette compilation est un bon prétexte pour écouter les débuts d’une musique qui respire le dégoût des grandes lignes, des grandes idées et des grands hommes par la mise en scène même de toutes ces figures et symboles qui sentent définitivement la frite pas fraiche (en double ration).