Quand j’habitais en Irlande, je me gaussais en écoutant les exclamations et autres jurons du quotidien: ‘Jaay-sus Christ !’, ‘Bloody fouckin’ Christ !’, ‘Holy shit !’, ‘For fuck’s sake !’…C’est sûr que d’y donner du ‘Holy Orange !’, je ne sais pas trop si ça l’aurait fait. Toujours est-il que voilà le nom et l’étrange cas d’un groupe allemand des 80’s à la discographie quasi inexistante, connu des spécialistes grâce à deux titres (les seuls publiés du vivant du combo) glanés sur quelques compilations, qui revient à la vie tel le phénix de sa chanson presque vingt-trois ans plus tard avec enfin un vrai disque. A dire vrai, le dit album existe en écriture depuis 1988 mais les bandes attendaient d’être mixées, masterisées, voire ré-enregistrées correctement; c’est chose faite. Etrange formation d’ailleurs, naviguant entre post punk et goth rock à l’ancienne, avec un chanteur à la voix parfois limite androgyne, juvénile en tout cas, bien affirmée, au rendu sexy, décadent (‘The beast’s alive’), limite pop parfois (‘Always on my mind’). Les Allemands citaient volontiers le Velvet Underground, les Stooges parmi leurs influences au même titre que Joy Division ou Bauhaus, ce qui se ressent parfois dans un jeu de guitare légèrement rock (‘Sister candy’), psychédélique aussi (‘Space machine’) mais la globalité du cd sonne très post punk, notamment au niveau de la rythmique dépouillée permettant à la guitare d’occuper le devant avec le chant. La touche sombre fait la différence, se couplant d’une agréable mélancolie de temps à autre (‘Pretty baby’, ‘The fading girl’ très influencées Velvet, voir Jeff Buckley quant à la voix). Séduisant, pas si aisé à classer et c’est très bien ainsi; une résurrection doublée d’une tournée aux USA et quatre ans après, un EP auto-produit assez discrètement. Nous reste au moins cet album, quoiqu’il puisse advenir.