Les Rallizes Dénudés › Mizutani

La première référence Rivista ayant surtout des airs de compilation d’inédits, Mizutani pourrait être considéré comme le premier véritable album digne de ce nom des valises à poil s'il n'était pas en grande partie un disque solo du légendaire leader du groupe, écrasante figure aux lunettes noires et aux idées rouges. D’aucuns s’y réfèrent comme l’album perdu du Velvet Underground. La petite perle extraterrestre est en effet dans la veine du disque éponyme des New-Yorkais de mars 1969. Cette impression lointaine d’un Lou Reed oriental vaut d’abord pour la qualité des cinq premières pistes où règne une ambiance acid-folk pas éloignée des autoproductions de gratteux en herbe qui auront cours dans l'archipel les années qui suivront. Absent des radars, Takashi Mizutani explique n’avoir jamais aimé le son de sa voix en studio : raison de plus pour en apprécier ici la tessiture fragile, sans chape d'électricité ni distanciation de concert. Capturées en 1970, ce sont là des mélodies accrocheuses et délicates, comme le revers du caractère bien trempé de Mizutani, d’autant plus belles qu’elles sont les seules à avoir été écrites par et pour lui-même. Étrangement, la douceur l’emporte sur l'intransigeance des convictions politico-musicales. Mais qu'on se rassure, le disque dévoile son lot de saturation sonore bien consistante, avec un "The Last One" prêt à désarçonner a posteriori ceux pensant connaître ce morceau incontournable, par ses allures de "European Son". Un contraste fort qui rappelle la dichotomie acoustico-bruitiste propre aux concerts des Rallizes. L’essai est par la suite transformé avec une version de 1973 de "Otherwise Fallin’ Love With", créditée au nom du groupe feat. Takeshi Nakamura en second guitariste, que l’on retrouvera sur le légendaire ’77 Live. Pour toutes ces raisons, Mizutani est un document essentiel.