Keiji Haino › Global Ancient Atmosphere

Entre deux explosions de platines, Keiji Haino laisse de côté ses dons de modeleur de feedback pour explorer l'intimité d'une batterie qui ne lui avait rien demandé. Choix d'instrument surprenant pour une petite heure de plaisir solitaire ! Plantés tout autour, les micros indiscrets sont prêts à dévoiler les timbres à nu. Sorti en 2005 sur PSF, Global Ancient Atmosphere affiche un véritable tête-à-tête, premier contact charnel entre quelques fûts et l'homme qui murmurait à l'oreille des membranes. Dix ans pile après Tenshi no Gijinka, Haino remet le couvert côté percus pour nous adresser neuf avertissements-requêtes et donner naissance à l'album le plus minimaliste et le moins abouti de toute sa discographie. Très franchement, l'écoute active du disque demande un authentique effort de patience. Grosso modo, des casseroles découpées au scalpel annoncent de longs silences gênants. On a l'impression que chaque coup porté à la caisse claire se voudrait chargé d'une mystique impalpable. Force est de constater qu'on est très loin du compte ! Il faut pousser le volume de l'ampli à 11 pour comprendre quelles menues variations des râles s'opèrent au niveau des peaux inférieures, dans une aridité qui dessert complètement l'album. Cette refonte totale du jeu de l'instrument paraît comme une impasse sans l'aide d'effets électroniques divers, domaine musical réservé à des artistes mieux armés tels que Frank Rosaly. On peut néanmoins y voir éclore les prémices d'autres performers japonais, à l'instar de Ryosuke Kiyasu et sa façon d'astiquer violemment sa caisse claire pour le plus grand WTF des curieux. Une purge sentimentale, clairement à éviter.