Ufa, Russie…Un groupe, TRIØXIN, décrit comme du dark punk aux influences black metal…Trompeur, si vous voulez mon avis, et c’est heureux. Il est envisageable que le Burzum époque ‘Filosofem’ ait pu influencer le jeu et la composition sur des pièces telles que ‘Помнишь ли ты?’ ou ‘Fenrir’ mais de manière globale, le combo se profile dans une forme de post punk goth/cold wave sombre jouant sur les ambiances, d’où cette volonté de ne pas se laisser emprisonner dans des schémas d’influences trop précis et réducteurs. Les musiciens témoignent d’un remarquable savoir faire en la matière, tissant un climat sombre, légèrement incantatoire (la voix grave, récitant plus que chantant joue un rôle prépondérant), oscillant entre mélancolie hivernale (‘¿’), énergie brute, torturée, (l’excellent ‘Ничего и никогда’), aspirations mystiques (‘Помнишь ли ты?’, ‘ Молитва’) et un zeste d’expérimentation. ‘игра с ножами’ (le jeu du poignard) se présente donc comme un album varié, prenant, efficace du début à la fin, de par sa production directe mais pas trop crue, un jeu aux multiples possibilités, sans omettre quelques petites trouvailles (les synthés limite enfantins de ‘Помнишь ли ты?’, ’Ничего и никогда’ ou ‘Fenrir’ qui évoqueront des échos du ‘Dunkelheit’ de Burzum). Histoire de prouver qu’ils ne s’imposent aucune limite, TRIØXIN s’offre un final de plus de neuf minutes alternant passages purement ambient, attaques saturées, sans que cela ne rompe la cohérence ni de la chanson, ni du disque. Dommage de ne pas comprendre les paroles mais cela ne nuit en rien au plaisir de l’écoute et aux climats caverneux de cet album plutôt jouissif et frais dans sa conception.