François de Roubaix / Bernard Maître › Les Onix

Fouiner dans les fonds de tiroir de François de Roubaix, c'est fourrer son nez dans des curiosités valant le détour. Le nouveau millénaire aura relancé la brève carrière de l'artiste français à titre posthume, l'opportunité pour les jeunes générations de redécouvrir son style et son univers foisonnant. Les Onix, c'est un album d'images coécrit avec Bernard Maître qui pourrait servir de manuel de musique aux enfants : un petit Comelade illustré, avec sa façon de tourner gentiment en dérision des mélodies, mais avec une richesse et une liberté certaines. En effet, la suite de courtes pièces destinées à l'émission TV à marionnettes, jamais diffusée en France, parodie avec malice divers styles de France ("Jolie valse musette", "Marche onixienne") et de Navarre ("Hawaïenne", "Tango Bernard") sous un filtre minimaliste, joyeux et entraînant. On écoute tout ça le sourire aux lèvres, surtout le mémorable "Chant des bagnards" mais aussi des morceaux traçant une veine un brin expérimentale - le bien-nommé "Fouillis industriel" ou l'électronique "Fin des Onix". Malgré une face B moins marquante avec sa suite de Scapin, on ne boude pas son plaisir avec le diptyque "Que tout est beau" / "Les masques volants", "Genty Pierrot" et vice-versa, ou encore la très seventies BO "Anne-Marie se marie", peut-être le seul morceau qui marque – élégamment – son époque. Compile hétéroclite de tambouille maison, sens du cartoon à la mode bruitiste, swing chaloupé : la pochette colorée aura tenu ses promesses de bout en bout. On s'amuse et on apprécie tout le talent déployé par les deux énergumènes pour donner plus de vie aux théâtres de marionnettes. Chapi… chapeau !