Shadow of the Torturer › Marching into Chaos

Shadow of the Torturer, c’est pas fait pour les gens qui ont de la peine. Vraiment. Parce que, déjà, pendant une demi-heure (c'est court, mais c'est long), une espèce de yéti mal lavé va vous infliger son haleine putride pour ne vous parler que de trucs dégueulasses. Il ne va pas chanter, il va marmonner, en jouant deux notes différentes. Lui, il dit « c’est de la poésie », moi je n’ai jamais vu ça dans un café philo, ou en avant-première de la retransmission d’un film de Bergman. Non, je l’ai vu dans un festival de musique, et malgré la répétitivité et le côté obtus de cette musique, se dégage, quand même, une certaine science du headbanguing mou et décharné. A noter que vous pouvez retrouver le premier bassiste de ce groupe dans quelques albums de Yob, pour vous montrer un peu les liens familiaux. Mais ça reste des cousins un peu fâchés, parce que là, c’est méga noir, pas du tout virtuose, même qu’on dirait que les gens sur cet album veulent vraiment nous faire comprendre qu’ils ne nous montrent pas tout, qu'ils en gardent sous le talon. Nommé d'après un roman de Gene Wolfe, l'Ombre du Bourreau reste ainsi efficace à chaque fois que je le ressors, un peu comme un vieux cadavre de souris séché que j’irais gratter une fois par an, en soupirant devant les univers qui me chantent en chœur : « fuuuuck you ».