Vous êtes ici › Les groupes / artistesGGevende › Monochroma (Original Soundtrack)

Gevende › Monochroma (Original Soundtrack)

cd • 6 titres • 19:18 min

  • 1Intro3:22
  • 2Level I4:25
  • 3Level II2:49
  • 4Level III2:49
  • 5Level IV2:28
  • 6Final3:35

extraits vidéo

informations

Enregistré à Hayyam Stüdyoları, İstanbul.

line up

Ahmet Kenan Bilgiç (chant, guitare), Gökçe Gürçay (batterie), Okan Kaya (basse, choeur), Ömer Öztüyen (alto), Serkan Emre Çiftçi (trompette)

chronique

  • bo de jeu vidéo désolé

Ce monde est gris. Avec juste quelques traces écarlates. Il ressemble au nôtre. C’est le monde de Monochroma, jeu vidéo à la Limbo développé par un petit studio indépendant à Istanbul. Un jeune garçon qui tente de protéger son petit frère, quitte à le transporter sur son dos, en fuyant d’effrayants bonhommes à leurs trousses. Dans un monde post-industriel pluvieux, dessiné de nuances entre le blanc et le noir. Avec quelques traces écarlates. C’est drôle comme la musique de jeu vidéo a été la première que j’ai vraiment aimée. Les atmosphères, les ambiances, tout ce qui participait à des rêves ou des cauchemars, sur des tableaux immobiles ou des plans en mouvement. En y repensant, c’est sans doute le jeu vidéo qui a construit mes goûts pour l’électro et l’ambient. Des auteurs qui ne seront jamais vraiment reconnus, des artisans d’un sous-genre pourtant tellement riche, tellement prégnant pour une vie imaginaire. Plus que celle des films. Plus que celle de la pop musique. Quand on n’aime pas beaucoup le monde, c’est dans un apocryphe qu’on aime à se réfugier. Et alors le courant s’inverse, quand la musique pour elle-même prend le pas, un de ces jours, elle vous renvoie aux mondes imaginaires. C’est parce que Gevende a signé celles de Monochroma que je me suis laissé avoir. Re-goûter au plaisir à l’envers. Gevende, la formation de l’underground stambouliote la plus singulière émergée dans les années deux-mille et son jazz progressif, mêlé de folk et de musique classique turque, une musique de nulle part pour un monde uchronique sombre et désolé. Des cordes pincées en gouttes de pluie et une mélodie hypnotique qui rentre, une ritournelle sourde et dépressive, un traitement du son qui donne à entendre comme une voix inhumaine qui appellerait à l’aide, des souffles de cuivres lâchés comme d’une machine en arrêt maladie, le tout pour illustrer l’écran de menu, qu’on laisse alors immobile pour se laisser bercer. Dans le feu de l’action, la musique de Gevende apparaît à des moments clefs où se révèlent de nouveaux environnements, de nouvelles architectures toujours menaçantes. Le ton de la trompette n’y trompe pas. Des cornes de brume électroniques viennent trouer le brouillard de ce jazz ambient aux textures mousseuses, des montées de tension alors qu’il faut trouver la voie la plus sûre, déjouer les obstacles, quitte à laisser son petit frère apeuré sous un spot de lumière, le temps d’atteindre une plate-forme trop haute avec un poids sur ses épaules. Des percussions métalliques aqueuses entraînent d’orientales mélopées au violon électrique, sous-lignées d’échos de musique contemporaine répétitive, pour errer dans une ville désertée sinon par des présences antagonistes, aux sales mains avides. Alors c’est la course-poursuite, la rythmique fiévreuse du « Level IV » devient le signal du stress, quand il faut échapper à la mort qui rôde, qui piste. Si on court assez longtemps, on pourra entendre la voix de Gevende et ses mots sans signifié, dont les seuls sons volettent au-dessus des orages électriques. Funeste trompette dans un silence cotonneux, il n’est plus temps de la joie dans le monde de Monochroma, où l’aventure ne semble pas vouloir bien se terminer, le ton presque baroque et dramatique de la fin du « Level III » n’évoque rien de bon. C’est dans une ambiance d’acier et de feu que prendra fin l’histoire, un « Final » feutré aux beautés de cendre, longues cordes d’air refroidies et élégie de cuivre. La bande-originale parfaite pour ce monde gris, où la seule couleur qui frappe de sa lumière terminale, comme dans le nôtre, est écarlate.

note       Publiée le dimanche 1 janvier 2017

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Monochroma (Original Soundtrack)" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Monochroma (Original Soundtrack)".

    notes

    Note moyenne Aucune note pour ce disque pour le moment. N'hésitez pas à participer...

    Connectez-vous ajouter une note sur "Monochroma (Original Soundtrack)".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Monochroma (Original Soundtrack)".