L’ombre-refuge, l’obscurité consolatrice, le temple-poésie, le sanctuaire des interrogations…Magnifique époque où de tels fils rouges guidaient les groupes tels que les Enfants de l’Ombre…Trop noirs pour être cold, trop gris pour être simplement gothiques, les jeunes gens proposaient une musique s’inspirant de rythmiques roulantes post punk goth, de guitares froides, de claviers hantés, avec un chant axé sur l’émotionnel plus que le guttural. Une parfaite bande-son pour une promenade nocturne dans les jardins d’un palais où les sculptures végétales paraissent s’animer, où le blanc des statues dans la nuit les expose tels des fantômes…Où s’arrête la réalité ? Le royaume de l’imagination ? Beaucoup de qualités à relever sur ce trop court essai: un vrai travail sur les atmosphères en un savant équilibre entre noirceur et fraîcheur, à côtoyer le lugubre sans l’étreindre pleinement (le rôle du clavier y est prépondérant), d’excellentes mélodies prenantes et passionnées, une voix qui ose l’émotion, féminine mais si étrange qu’elle pourrait sonner masculine…Double-jeu ? Ambiguïté ? Toujours est-il que ses tonalités sincères, légèrement théâtrales, incantatoires même parfois (‘La douleur’) dégagent un charme franchement captivant qui confère une identité unique aux Enfants de l’Ombre. ‘La haine rôde et nous guette’ est un véritable jeu de clairs obscurs, un labyrinthe de silhouettes comme autant de protagonistes d’une réalité dont on ne sait plus bien si elle est onirique ou non. Un disque très fort en tout cas.