Christ Inversion › Christ Inversion

Phil Anselmo aime le black metal, ça on le sait depuis ces photos promotionnelles où il portait fièrement marcels Darkthrone et autres patches Venom. Mais Phil Anselmo est aussi le chanteur de Pantera en 1994-95, le moment où sortent deux démos de black metal plutôt confidentielles, sous pseudos, au moment aussi où sort le premier Down. Multicarte le Philou ! Christ Inversion avec Viking Crown est un de ses deux projets black metal dans lesquels il grattera de la guitare sous le pseudo d'"Anton Crowley" (hem...), et tout cela donne l'impression que Phil a voulu s'offrir un petit plaisir du genre « oué, moi aussi je vais me faire une cassette pourrie sortie à 66,6 exemplaires ». Avec un son pourri, des artworks dégueulasses, des paroles nihilistes. Enfin, presque, je trouve que la pochette de la compilation ici chroniquée, réédition récente par le label d'Anselmo, fait plus crust que black metal, mais bon... et côté forme, ça la pète, la forme ? Alors je cherche la réponse la plus appropriée, attendez... : ah, voilà, « plus ou moins ». Anselmo joue de la guitare ici. Simplement. Avec un style très proche de celui de Jimmy Bower en fait... ce qui nous donne un son "black sludge" assez original, qu'on retrouvera sur certains morceaux de Superjoint par exemple. Quant à la voix, portée par un vieux loup de Nouvelle-Orléans, celle-ci est aboyée, sans plus aucune trace de blues, ressemblant en fait à un chant de sludgeux type Buzzoven ou... Eyehategod encore. Le reste de la production est clairement un hommage à Darkthrone période méga kült, hunger, transylvania : le son hypersaturé, les accélérations absurdes qui sortent de nulle part, les morceaux qui commencent et qui s’arrêtent d’un coup net, le blasphème cru et le folklore suicido-satanique, et vous ajoutez à cette grosse pincée de Fenriz des boulettes de synthés type Satyricon et compagnie, et même un peu d'ambient à la Neptune Towers tant qu’on y est. J’avais le souvenir que le peu de gens ayant écouté cette musique m'avait fait passer un message bien critique, plein d’amertume, du genre « il fait n’importe quoi, c’est mal joué, le son est pourrave, le concept ressemble trop à un caprice, il est pas fait pour ça le Philip ». Mais en fait non : il y a de belles atmosphères, enfin, belles, il y a de vraies atmosphères black metal, puantes et déglinguées, façon sud des Etats-Unis, donc c’est forcément très sludge en fait, par le son des guitares, certaines manières de riffer, par la gueulante des voix, par cet ambiance qu'on retrouve dans ces disques de Soilent Green ou Crowbar de l'époque. Finalement une bonne surprise, m’attendant quand même à une grosse daube faite pour agrémenter les dimanche de Phil Anselmo par quelques rituels de Messe Noire histoire de s’amuser un peu entre amis, rien de plus. Non, Christ Inversion est plus que ça, ça reste bien crade et assez bien foutu, notamment avec des samples pas piqués des hannetons, et ce fumet de décomposition qui devait bien coller à la vie de notre beugleur qui, à l’époque, semblait s’enfoncer de plus en plus dans des addictions pas très très bonnes pour la santé.