GFOTY › Secret Mix

Je n’ai plus de visage. Cher journal, j’ai perdu mon genre. Je ne suis même pas sûr-e que ma Girlfriend of the Year soit vraiment celle que je croyais. Les voix se répercutent dans ma tête. Trop de vodka. Se bourrer la gueule comme une cowgirl, c’est ce que dit la chanson. Tout est du plastique et se déforme comme en chaleur mais tout rutile en haute définition. Sa peau est tellement photoshopée qu’elle en a perdu la notion même de chair. Boire, reboire, déboire, toujours répéter les mots jusqu’à ce qu’ils en deviennent exclus de leur signification. Transformés en images, en signes, en symboles, en icônes, parfaitement re-dessinés, re-travaillés. Et puis étirés comme du chewing-gum par les pitchs idiots, passés dans une moulinette à gloss, perdant tout repère sexué. Du kawaï au grotesque, un battement de cil. Comme un visage trop refait, alien, sub-humain. Les mots font une mélodie tellement sucrée que j’en aie la nausée. Eux aussi on dirait, avec cette musique, oh cette musique qui clapote en multicolore toujours changeant. Inidentification à tout niveau. Ca me rend joyeux. Et ça me fait peur. Epilepsie des surface lissées qui s’exposent et s’explosent. La DJette est un vilain troll, je me sens comme une petite pétasse sentimentale, piano tout synthétisé et reprise de Céline Dion tellement sincère que j’en pleure des larmes de dégout. C’est bête et beau, oh les claviers élégiaques. Mais y a pas de claviers, y a pas d’orchestre, y a personne sinon un esprit frappeur et son assommante sentence sexuelle assénée comme une débile citation motivationnelle « If your friend’s your lover let your friend be you lover cause if your friend’s your lover then you’ll laaaaaast under cover ». Sex. Friend. Sex. Friend. Sex Friend. Sexfriend. Votre nom s’il vous plait ? Ca bégaie comme un bug le temps d’un instant baroque, cordes genre classiques, puis ça repart, ça pillonne dès fois que j’aurais pas compris. Mais ta gueule, soit pas Polly avec moi GFOTY. Un coup plus haut, encore plus haut, allez, un effort et voilà, c’est effrayant ta voix, là. Spacy oddity maintenant les synthés, « yeah » dit le rappeur, street-cred tavu, raaaaaaah mais Polly fait sa Toni Braxton, elle se fout de ma gueule ou quoi ? Ouch, ça sature total sur l’autre ligne, y a interférence vocale qui me fout les jetons, je saisis plus le degré, c’est beau comme une sonnerie d’iPhone pour copine pathologiquement atteinte. J’ai besoin de retrouver un corps. Ca re-clapote en beat comme des bruits de bouche et puis ses « Let’s kiss » me font envie à moi, tant pis je me laisse faire même si c’est de moins en moins net, ça oscille trop entre le coeur à nu et l’infarctus. Peut-être c’est un robot en mode repeat en fait GFOTY. Laisse faire les notes et les voix qui dégueulent de la bile saccharine, capte à la volée les moments où s’harmonisent la suractivité et les aplats planants de sons célestes. Oh un presque happy-end avec des clochettes !!!!!! Clignage d’yeux trop beaux, tout beaux, maquillés comme à la Saint Valentin. Une âme de midinette qui aurait cartonnée contre le mur invisible de la virtualité. Aucune importance ma GFOTY. « J’ai tellement rêvé de toi que tu perds ta réalité »