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Kim Ki O › Bir, İki...

cd • 10 titres • 41:00 min

  • 1Serbest Kalp Düşmesi4:19
  • 2Doğru3:09
  • 3Gene Oldu4:31
  • 4Mutsuzsunuz, Hepiniz4:01
  • 5Gezegenin Adı Dünya5:51
  • 6Gel3:38
  • 7I Don't Relate3:58
  • 8Punk3:05
  • 9B Yüzünün İkinci Parçası4:12
  • 10Ne Yapsam Anlarsin?4:14

informations

Enregistré à Istanbul en 2007 (1 à 5) et 2008 (6 à 10).

line up

Ekin Sanaç (synthétiseurs, beats, chant), Berna Göl (basse, beats, chant)

chronique

J’aime bien cette photo. Je crois y reconnaître la promenade le long de la digue de Moda, dans le quartier de Kadıköy, sur la rive orientale. Je faisais comme le vieux monsieur au centre de l’image, je marchais sur les gros rochers. Dans un sens, puis dans l’autre. C’est qu’on peut y être aussi très seul à Istanbul. Parfois, il fait froid, venteux, humide. Même si l’horizon de la Mer de Marmara offre toujours un clairon quelque part. Parfois, il faut vivre avec cette pesante mélancolie, cette sourde inquiétude. Les deux filles de Kim Ki O le savent bien. Avec elles, on est vraiment dans Istanbul underground. La moinséité des moyens pour s’exprimer : une basse, des synthés et quelques boites à rythme. Et deux voix fragilement harmonisées. Kim Ki O, ça veut dire plus ou moins « C’est qui d’abord ? ». De quoi se poser des questions, pleins de questions. Leur musique est familière, comme à moi la corniche de Moda. Ces lignes de basse héritées directement du post-punk, ces sons de claviers minimalistes aux mélodies parfois cristallines à la limite de la brisure. Les références sont faciles à coller. Joy Division, Young Marble Giants, des noms, des sensations défilent… Kim Ki O ferait du revivalisme post-punk si cette notion avait un sens à Istanbul. Comme elle n’en a pas, alors Kim Ki O fait simplement une musique qui ressemble à du post-punk épuré, à de la minimal-wave qui s’ignore, les climats sombres creusés par la basse balayées de ritournelles tintinabulantes ou éthérées, vagues éclaircies dans un ciel chargé de menaces. A la fin des années deux-mille, Ekin Sanaç et Berna Göl s’activaient déjà au Peyote, l’incontournable club de Beyoğlu, et sortaient sur CDr deux albums bricolés qui constituent la matière noire de cette compilation, parfaite entrée en matière dans l’univers des deux discrètes musiciennes dont l’artisanat produit quelques petits miracles de spleen machinique tel « Gene Oldu ». C’est que Kim Ki O ne respire pas la joie de vivre, tant il y a de raisons de mourir un peu chaque jour à l’intérieur. « Vous tous, vous êtes malheureux » sussurent ces voix timides sur « Mutsuzsunuz, Hepiniz », aux beats métronomiques contre lesquels viennent rebondir cette grosse basse rampante et ces synthés irisés comme un rideau de pluie. Tant que le duo ne cède pas à une certaine joliesse et garde le cap de climat contrastés, toujours dans une sorte d’hypnose à minima, d’où des mélodies s’extirpent de peu d’accords, de notes de peu, une grâce à la fois grisâtre et arc-en-ciel se produit, à l’image d’un « Gezegenin Adı Dünya » ensorceleur. Ailleurs, les sons se distordent et les visions se brouillent, dès le début de ce « Gel » aux timbres lancinants. Partout, ça résonne bien en do it yourself, pas de filtre sur les machines ni de coup de polish sur les voix, ça sort en flux organique avec droit à la fausseté et à l’approximation. Et si la base en basse évoque parfois un peu trop de glorieuses influences, ce sont les volutes synthétiques, souvent, qui ramènent les morceaux sur un terrain bien contemporain, celui des rues d’Istanbul où ça déambule parfois sans but, où l’underground à du mal à se faire entendre, surtout si il est féminin et s’attache aux territoires des droits minoritaires, sans jamais en faire une histoire de revendication. La musique de Kim Ki O est avant tout une atmosphère d’ultra-moderne solitude perchée sur du matos à l’ancienne, sur un post-punk féminin arrivé en génération spontanée, bricolé avec un goût sûr et un savoir-faire autodidacte. Le son d’une Istanbul un peu interlope mais toujours résistante.

note       Publiée le samedi 1 octobre 2016

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    Hazincourt Envoyez un message privé àHazincourt

    Merci Mr :)

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Juste pour info rapport à la question, elles ne sont pas un couple du tout, étant hétéros toutes les deux (ce qui prouve aussi et encore que Lentonia chez qui elles ont signé ensuite est un label féminin avant tout, sans distinction de sexualité aucune). Ekin Sanaç est par ailleurs rédactrice du magazine Bantmag.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    C'est assez excellent, malgré les influences bien ressenties parfois et le coté limitant du duo DIY synthe BAT elles en font un joli resultat. J'hesite a peter le 5.

    Note donnée au disque :       
    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan  Shelleyan est en ligne !
    avatar

    J'ignorais tout de cette sortie, cette chronique tombe à pic.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    J'avoue que je n'ai aucune idée si elles sont ensemble ou pas, mais c'est possible, le groupe étant par ailleurs impliqué dans la défense des droits LGBT. Ce qui, dans la Turquie actuelle, n'est pas une mince affaire en effet. Comme tu dis, respect, pour leur musique et le reste.