Quand on n’a plus le feu sacré, la sagesse recommanderait de s’arrêter. Comme Skeletal Family ou Ghost Dance, Xmal Deutschland n’en aura cure et ratera son entrée dans les 90’s avec son album le plus ignoré, ‘Devils’. Du groupe, il ne reste plus grand monde à part Anja Huwe et Wolfgang Ellerbrock qui choisissent de nous offrir un disque bien éloigné des précédents. Certes, l’obscurité tranchante et rude de ‘Fetisch’ s’était mué en quelque chose de plus travaillé, plus mélancolique, sur le très beau ‘Viva’ mais ‘Devils’ est loin d’en égaler le panache. On retrouve bien certain éléments du potage, à commencer par la toujours belle voix de Anja, mais débarrassés du goût. Dieu que cette galette est lisse et creuse dans son résultat et sans doute ses intentions pop ! Les chansons se déroulent et passent comme l’eau sur les plumes d’un canard, sans laisser la moindre empreinte. Il y a bien ‘Devils come’ ou ‘Dreamhouse’ mais ça ne pèse pas bien lourd et on a bien souvent l’impression d’écouter une version plus sombre de Nena. Les rythmiques sont d’une terrible banalité, les synthés n’apportent plus grand chose et si les guitares ne sont pas ce qu’il y a de pire, leur feu a été sacrément muselé. Le pompon demeure ‘I push it harder’ qui n’a de 'harder' que le nom tant il sonne sans vie dans son refrain, idem pour ‘You broke my heart’ aussi plat que ne le suggère son titre et tire en longueur. Alors que le disque s’étire, le combo parvient soudain à rallumer la flammèche sur ‘I should have known’, plus mystique dans ses ambiances froides. Le jeu de batterie martelé, les vocaux, les sonorités tristes rappellent le passé glorieux mais version un cran en dessous malgré tout. ‘In my hand’, plus musclé, confirme, voilà enfin des lignes potables, même si cette composition ne marquera pas les esprits pour autant. ‘Drowned you’ (absent de l’édition vinyle) ? Toujours cette détestable impression d’écouter Nena, l’illusion n’aura été que de courte durée…Bien sûr, on a entendu franchement pire dans le genre mais l’impression lambda dégagée est inacceptable de la part d’un groupe ayant pondu des morceaux tellement fort en émotions. Si le disque est aujourd’hui ignoré, rare, cher (dans sa version cd du moins), ce n’est pas pour de nobles raisons, vous l’aurez compris *baille*.