Manic Depression / Swiss Dark Nights. Le projet ? Dear Deer. Plutôt passionnant de par la personnalité de ses deux membres: Federico Iovino (Popoï Sdioh) et Sabatel (Cheshire Cat (the Bouncing)). La somme des deux est à la hauteur des attentes, si vous me passez cette terminologie un brin mathématique. On retrouve en effet un goût marqué pour les rythmes tribaux cher au premier, une forme de dépouillement typique de la seconde et une audace décadente commune aux deux; la couverture elle-même résume plutôt bien ce mélange de tension et d’unité qui se dégage des morceaux. Oscillant entre grincements deathrock, froideur cold wave et une touche d’expérimentation industrielle, les compositions tournent autour d’un beat, parfois électronique, parfois plus organique et violent, alternant tensions et explosions, à l’image des voix qui avancent tantôt de concert (‘Claudine in Berlin’), tantôt paraissent se déchirer, pour mieux s’unir à nouveau une fois la tempête passée (‘Snail’). Tout ça avec en toile de fond une forme de folie latente qui pourrait dégénérer à chaque instant sans jamais s’y laisser aller. Véritable concentré d’énergie et de fureur, ce disque est une petite bombe, maniée avec subtilité, un peu à l’image du fugu qu’il faut apprêter d’une certaine manière afin de ne pas périr empoisonné en le dégustant. Les deux musiciens jouent avec le TNT et le feu comme des sorciers (écoutez par exemple ces claquements de basse démoniaques sur ‘Clinical/physical’, excellent titre avec en featuring un autre allumé notoire, le génial Loto Ball, à la trompette, ou encore ces vocaux déments sur 'Dear deer'). Une galette créative, tranchante, parfaite pour se donner la pêche durant les mois d’hiver ou les soirées d’été trop étouffantes.