Area › Tic & tac

Le sort a encore frappé. Et cette fois, c'est Demetrios Stratos, chanteur et figure du proue qui s'en va. Un détail ; c'est la leucémie qui l'emporte. Le genre de détail qui change considérablement la donne. Area ne se résume plus désormais qu'à un trio, une section rythmique agrémentée d'un pianiste. Fallait-il s'arrêter là ? Quoi qu'il en soit, Fariselli, en meneur, a pris la décision de continuer l'aventure, même diminué à ce point. Ce groupe autrefois vital et ambitieux fait bien pâle figure. Eux que l'on comparait au Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin pour ce sentiment d'urgence qui parcourait chacun de ses membres et que leur musique distribuait avec générosité, se retrouve dans une position de figurant, seulement apte à prétendre incarner un Weather Report de second couteau, et encore, pas celui des heures les plus glorieuses. Le parallélisme est édifiant à l'écoute des titres d'ouverture, "La Torre dell Alchimista" et "Danza ad Anello" où Fariselli a même été débauché une section de cuivre sans quoi sa musique n'aurait pu aspirer à quelques prétentions lyriques. En dépit d'un sens mélodique intact, Area n'a plus de quête à mener. Le groupe fait du surplace, et sans idées, sans audace et sans vie, il ne lui reste que sa technique pour survivre et à mettre, une fois pour toutes, la clé sous le paillasson.