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Buzzcocks › Another Music in a Different Kitchen

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Klarinetthor      mardi 6 septembre 2016 - 11:37
Dioneo      mardi 6 septembre 2016 - 00:54
Thirdeye      jeudi 16 mars 2023 - 19:54
taliesin      mardi 1 octobre 2019 - 17:49
E. Jumbo      mardi 6 septembre 2016 - 11:14

cd • 15 titres • 44:32 min

  • 1Fast Cars2:07
  • 2No Reply2:07
  • 3You Tear Me Up2:32
  • 4Get On Your Own2:31
  • 5Love Battery2:16
  • 6Sixteen3:50
  • 7I Don’t Mind2:20
  • 8Fiction Romance4:38
  • 9Autonomy3:52
  • 10I Need2:50
  • 11Moving Away from the Pulsebeat7:06
  • Bonus
  • 12Orgasm Addict2:01
  • 13Whatever Happened to?2:14
  • 14What Do I Get?2:55
  • 15Oh Shit1:35

informations

Enregistré aux Olympic Studios par Doug Benett. Mixé par et produit par Martin Rushent.

Cet album a fait l’objet de diverses éditions et rééditions en vinyle et CD depuis sa sortie en 1978, la dernière en date au jour de mise en ligne de cette chronique remontant à 2015 (LP chez United Artists et Parlophone). Les rééditions CD incluent généralement des bonus, comprenant la plupart du temps – comme celle que je possède (EMI 2001) – au moins les quatre titres des 7” Orgasm Addict/What Ever Happened to? (1977) et What Do I Get?/Oh Shit (1978, sorti un mois environ avant l’album).

line up

Steve Diggle (guitare et voix), Steve Garvey (basse), John Maher (batterie), Pete Shelley (guitare et voix)

chronique

Ce premier album est déjà une histoire "d’après". L’intro de Fast Cars reprend le break de Boredom – premier tube en date du groupe, co-signé par Howard Devoto peu de temps avant qu’il claque la porte. Solde de tout compte : le fameux "solo" de guitare – en fait deux notes en boucle, qui donnent l’impression de bouger alors que ce sont les accords, sous elles, derrière, qui changent, glissent – file pendant vingt secondes. Après ça : BOUM ! La batterie, le tempo, s’emballent encore. Et tout le monde passe à autre chose. Shelley claironne – sinus-bouchés-gorge-étranglée – qu’il déteste les voitures de sport. Il énonce des considérations – sur les admirateurs qu’elles vous gagnent, qui ne sont pas des amis. "Oui, les Buzzcocks, quoi", me direz-vous ? Névroses et lucidité, impudence et concision ; l’art de l’ellipse, du raccourci qui élude et de l’aveu tellement indélicat qu’il en devient touchant… Et ce punk rock tout en mélodies, cette pop nerveuse, affable et agressive – allure déterminée d’adolescent planté devant le peep-show, bien persuadé cette fois que le mensonge va passer, la majorité prétendue…

D’accord. Mais le punk rock, en cette année soixante-dix-huit, c’est une blague déjà vieille. Et eux – trop malins et sûrs d’eux, trop fins et sans patience – ne marchent plus, ne marchent pas, n’ont jamais cru qu’ils y tiendraient boutique, triste comptoir franchisé. Le genre de toute façon se voulait né mort-et-enterré – les Pistols avaient laissé la formule sur la boîte à formol en partant ; Johnny Lydon avait prévenu, craché qu’il était plus que temps de jouer à autre chose. Et ce disque – rien que ce titre… – est en effet une autre partie. Ce n’est certes pas le post-punk délibérément moderne de Magazine – le groupe créé par le sus cité Devoto après son départ. Ce n’est pas celui de Wire, qui passé leur premier disque – Pink Flag, où ladite formule s’expédiait, littérale jusqu’à l’absurde – en vient aussi, cette même année, aux synthétiseurs. Another Music… – oui – reste une histoire de guitares, basse, batterie. Shelley – toujours charmant tendu canard, disions-nous – raconte encore l’inconfort de l’adolescence à peine quittée, les rêves pris aux ciseaux dans les pages des revues. Mais ce n’est plus là le sarcasme affecté, pris aux anciens concerts du Roxy – légende déjà d’un espèce d’antan, entregent périmé d’anciens gamins londoniens, crêtés-épinglés, morgue morveuse déjà séchée. De Manchester la méprisée, la provinciale, Shelley clame à la place : "je veux" – c’est à dire : "je peux et je ne vais pas me gêner". Il dit qu’il veut l’autonomie – et ça aussi sonne comme une exigence assurée plutôt que comme une plainte. Il assure, en fait, y être déjà. Les autres suivront s’ils peuvent. Le groupe, feignant de s’en tenir aux mêmes sempiternelles trois-accords, se permet tout – en douce ou frontalement. Un solo de basse – spécialement véloce, enjoué, rond, avec ça – sur I Need. Une espèce de cassure musique-concrète, sur Sixteen, avec voix et cymbales qui s’abîment à l’envers et en nœuds dans une sorte de dissonance cognitive, avant que ça reparte – Shelley, vingt-trois ans, racontant là-dedans la nostalgie de ses seize ; et qu’il déteste la musique moderne… À d’autres, oui – eux continuent pendant ce temps de l’inventer, d’échapper à la marque en fusant et en braquant. La peur des engagements, l’ennui, une possible paranoïa même s’avouent innocemment – tellement que ça en devient cinglant – I Don’t Mind ou You Tear Me Up. L’émerveillement, la satisfaction en même temps de voir les efforts aboutir, s’y articulent tout aussi franchement – Fiction Romance, qui parle de SUCCÈS : admis, saisi, mérité. C’est drôle tout autant qu’un peu flippant, peut-être bien, quand ça tourne encore au débordement d’hormones – les insanités de Love Battery ("could maybe enlarge, you")… Sont-elles promesse ? Menace ? Envie pure et simple d’attenter, d’exfiltrer en plein public la plaisanterie intime ? Puis à la fin cette espèce de folie – batterie roulante, guitares hachées ; didley-beat qui débite, scierie industrielle qui se met à groover ; caisse claire qui se déplace comme aléatoirement dans la mesure mais tombe toujours – avec exactitude, à y prêter l’oreille – dans l’obstiné battement. Moving Away from the Pulsebeat : faussement facile, au vrai diablement kraut et calé sous ses airs de jam lâche. La fin, disais-je, du disque ? … Pas tout à fait. Il y a un court silence, encore. Puis ces quelques mesures de Boredom, à nouveau. Boucle bouclée mais pas plate redite. Cette fois la guitare lead se permet des variations. Elle défait la farce, la moquerie, la parodie de prétention soliste.

Oui… Ces gars savent jouer. Ils ont appris tout-seuls. On dirait qu’il prélude, l'instrument. Puis tout ça se délite finalement en une curieuse boucle d'électronique sommaire. Mais... Un prélude, en conclusion ? Eh, pourquoi pas… À tout instant, de toute façon, il peut se faire temps de tout reprendre encore.

note       Publiée le mardi 6 septembre 2016

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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@Twili : Je pense vous causer de la suite bientôt... Mais bon achat, de toute, le coffret, si tu as les trois albums studio dedans !

@Klari : Non mais t'inquiète... Je te laisse Blink et Good Charlotte, je sais que c'est chasse gardée pour ta planche-à-anche.

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

"Wé dioneo il chro du punk il connait pas Agent orange!" tu me feras 50 tours de skatepark, et pied-nu, sans les vans. (quoi il y a eu du bon punk californien, quand meme). oui c'est pas le meme raffinement entre les espieges mancuniens et les coreux sudangelenos.

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Marrant, ces commentaires sur les Buzzcocks, justement au moment où je me disais que je ne connaissais pas si bien que ça...Il faut croire que la Buzzcockmania était dans l'air...Ca m'arrange et prend la forme d'une bonne piqûre de rappel et du coup je me suis payé un petit coffret pas cher pour mieux découvrir ces albums...

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Tiens, aucune idée. Je ne connaissais pas le morceau. La thématique peut s'en rapprocher mais c'est pris plus gore (pré-Unsane ?) chez les Oranges. Quant au riff, je pense plus à celui de Fiction Romance, à l'écoute ! (Vite fait... Et avec Misirlou qui déboule à la fin).

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

speaking of Fast Cars... Agent Orange ont pillé l'idée voire meme partiellement le riff pour Bloodstains?

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