Trop cool ces coffrets ‘Original album classics’, pour le prix d’un seul album, on s’en offre une série de cinq ou trois et ça prend moins de place dans la collection, soulageant un temps les étagères Ikea surbondées. Bien entendu, on sent que c’est parfois aussi le bon coup pour essayer d’enfiler des albums moins reconnus selon les canons d’un artiste. Moi, je me plains pas, en voulant acheter ‘New values’ je me trouve avec ‘Soldier’ (un de mes Iggy favoris) et je découvre ‘Party’ pour une somme modique. Donc, 1979, ‘New values’, tout est dans le titre et les paroles: ‘I’m looking for new values and nothing comes my way’. l’Iguane après avoir démarré sa carrière solo sous la houlette de son ami et mentor David Bowie cherche à prendre son envol de par lui-même. Comme il le dit en commentant des photos de cette époque, lui en costard crème, cheveux courts, histoire de bien présenter à ses côtés, ce n’était pas totalement lui…Iggy, il a besoin de vivre torse nu, de se tordre dans tous les sens, comme il le faisait avec les Stooges. Mais quel avenir pour James Osterberg ? Il n’est pas fait pour la cold wave même s’il s’est révélé excellent dans l’exercice. Il cherche mais se retrouve sempiternellement nez à nez avec ce bon vieux rock’n’roll. Sauf que la déferlante punk a balayé pas mal de choses et enfanté des bâtards tenaces, le post punk et la new wave, ceux-là mêmes qui lui ont permis de produire ses albums les plus reconnus. ‘New values’, c’est donc le Stooge qui se réveille mais qui a quand même dix ans au compteur et pas mal de disques à son actif. Le cul entre deux chaises, quoi. Du coup, la galette est assez déroutante. l’Iguane passe du punk (‘Girls’, ‘Im bored’) à un ‘Don’t look down’ (repris par Bowie sur son minable ‘Tonight’) sérieux, plein d’orgue et de choeurs féminins, limite Léonard Cohen comme j’ai pu le lire, sans oublier un ‘The endless sea’ sous forme de new wave planante mélancolique. C’est tout ? Non, non, c’est pire que ça, il peut switcher du triste et recueilli ‘Angel’ à un ‘African man’ complètement barjot, sans oublier le bon wack’n’roll (‘Five foot one’, Tell me a story’), il y a même des chansons flirtant avec une forme de pop telle qu’on la trouve chez le Bowie de ‘Let’s dance’ (pas si évident de se détacher d’une telle silhouette), notamment ‘How do you fix a broken heart’ ou ‘Curiosity’. Moins sauvage qu’avec les Stooges, moins froid que sur ces deux précédents opus, Iggy se réinvente sans être totalement au clair avec lui-même. Il avance à l’instinct comme toujours mais d’une manière plus contrôlée. ‘New values’ se présente comme un essai fort honnête, pas aussi abouti à mon avis que ‘Soldier’ mais qui tient franchement la route et propose une bonne collection de tubes même si certains sonnent légèrement édulcorés par rapport à ce qu’on pourrait en espérer. Pas une raison suffisante pour bouder cet opus, ne fut-ce que pour les performances vocales de l’intéressé qui prouve une fois encore qu’il a timbre digne de foi et sait s’en servir. Comme la plupart de ses albums, celui-ci ne rencontrera pas le succès commercial escompté, à croire que les gens avaient de la crotte dans les oreilles.