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Roxy Music › Manifesto
- 1979 • Polydor records POLH 001 • 1 LP 33 tours
- 1983 • Polydor records 800 031-2 • 1 CD
lp • 10 titres • 43:11 min
- 1Manifesto
- 2Trash
- 3Angel Eyes
- 4Still Falls the Rain
- 5Stronger Through the Years
- 6Ain't That So
- 7My Little Girl
- 8Dance Away
- 9Cry, Cry, Cry
- 10Spin Me Round
informations
1978-1979
line up
Bryan Ferry (chant, claviers, harmonica), Andy Mackay (hautbois, saxophone), Phil Manzanera (guitare), Paul Thompson (batterie)
Musiciens additionnels : Alan Spenner (basse), Gary Tibbs (basse), Paul Carrack (claviers), Richard Tee (piano), Steve Ferrone (batterie), Rick Marotta (batterie), Melissa Manchester (chœurs), Luther Vandross (chœurs)
chronique
Mannequins, ou mannequins ? Cette pochette du Roxy le plus mal-aimé a l'air de rien, mais elle est en réalité assez révélatrice de cet album en faux-semblants. Car on conserve un doute : peut-être que certains sont vraiment humains ou... aucun ? Ou tous ? On ne sait pas. Un petit peu dérangeant. Un peu... Maniac ? Comme ce rock-disco d'intro, mi-Moroder mi-Maraudeur. Manifesto ré-attaque à froid, Roxy Music a eu le temps de mourir une première fois. Live + Best Of. Affaire bouclée. L'entité est ré-activée, mais elle doit évoluer dans un monde qui se fout assez royalement d'elle. Ombre d'elle-même, fantôme en plastique. Comme ce Manzanera plus Manzana. Ce Bryan Ferry plus hors-bord... Et c'est dans les années Boney M & YMCA que ses restes de glam délayés reviennent, sur un dancefloor où il avance en prédateur à la fois séducteur et incertain... En mue... Charriant œillades anxieuses et menaces discrètes, entre les coupes entrechoquées et les vœux du nouvel an. Un vague sentiment de hantise flotte dans la fête, assez incarné par cette troublante "Stronger through the Years", nocturne à mort, au feeling pas si éloigné d'un BÖC d'époque... morceau magique magnétique, concentrant au centre de Manifesto ce que l'album a de noir ailleurs en sous-couche... Car cet album, pourtant volontiers biscornu, monté de traviole, semble mué par une volonté de faire un carton, de rafler la mise avec une musique accusée par quelques puceaux de la critique d'être devenue purement "commerciale" (on a presque envie d'être de leur bord en entendant une merde comme "Cry Cry Cry")... et pourtant malgré sa faiblesse, sa tenue déplorable, ses chansons à peu près toutes sitôt écoutées-sitôt oubliées, il exprime ce quelque chose de biaisé, de bancal, de pas vraiment dans son assiette ou comme il faudrait. Comme sur le fil permanent du malaise, toujours latent. Quelque chose d'une lueur fantastique en filigrane, qu'on peut aussi ressentir nue sur la fin du titre éponyme, ou d'"Angel Eyes" et "Stills falls the Rain", entre catchy et vomi. Mais aussi dans la soupe grinçante d'une "Dance Away", où naissent un peu les merveilles molles d'Avalon... Une forme d'intranquillité dans un Roxy "incognito". Délavé. Un peu mécanique aussi. Peut-être déprimé. Sans doute même. Le final "Spin me round" étant tout à la fois le morceau le plus affreux de l'album, et son plus émotionnel... Mais le Ferry des années 80 prend vraiment forme ici, dans cette zone un peu trop floue pour les deux "écoles" de Roxy : snobs comme grand public. Je n'ai de toute manière jamais été de ceux qui opposent bêtement le Roxy Music "de Brian" à celui "de Bryan", celui de la première qui serait expérimental et génial et celui de la seconde qui serait populaire et lisse... Les choses sont plus subtiles, la frontière plus brouillée que cela. L'évolution a été linéaire, mais les pôles opposés se causent. Très bien, même. Si vous écoutez distraitement Manifesto par exemple, vous passerez peut-être au début à côté de la basse, des rythmiques reggae-cold, de la mélancolie de playboy dépressif. Vous verrez un truc pop-rock un peu paillettes et bien lisse, sans aspérités ou presque. Certes, cet album reste leur plus mineur, mais il n'a rien de honteux pour autant. C'est un album de retour, mort-né, oublié. Traité en chien crevé encore aujourd'hui. Laissé à tourner dans le vide, les vide-greniers. Et pourtant avec sa propre singularité. Le premier d'une trilogie qui petit à petit les mènera aux cieux crémeux. En attendant le glam est mort, c'est le gala, et c'est un peu glagla, dans toute cette tiédeur rythmée et chaloupée, qui guinche avec les yeux morts-injectés de celle qui vient de se repoudrer le nez aux toilettes. The good times roll.
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