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Tristan Murail › Gondwana, Désintégrations, Time And Again

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Saïmone      dimanche 21 août 2016 - 13:58

cd • 3 titres

  • 1Gondwana
  • 2Désintégrations
  • 3Time And Again

informations

line up

Orchestre National De France, Ensemble De L'Itinéraire, Yves Prin (direction) pour Gondwana et Désintégrations, Orchestre Du Beethovenhalle De Bonn, Karl-Anton Rickenbacher (direction) pour Time and Again

chronique

  • spectral

Difficile de retrouver le terrain de la tonalité après ça. Tristan Murail et son ami Gérard Grisey sont les pères du mouvement spectral dont Trimalcion vous a déjà parlé, sur les chroniques de Levinas notamment (quel choix étrange pour aborder cette école) – aucun intérêt donc à répéter ce qu'il fait mieux que moi. Sur ce petit disque sorti au crépuscule des années 80 – et sommet de son compositeur, tuons le suspens d'entrée - Murail s'éloigne de plus en plus de l'esthétique presque astronomique de son ami (la dislocation du temps et de l'espace, les distances infinies, les révolutions) pour quelque chose de cérébralement oppressant. Plus mathématique que jamais (pour les curieux je vous invite à lire l'ouvrage de Murail, « Modèles et Artifices », génial ou drôle on hésite parfois), la complexité folle de Gondwana et Désintégrations (surtout) annonce clairement le sel d'une bonne partie des artistes phares de notre site : dissonance, magma sonore, marathon. « Dans Gondwana, les formes orchestrales sont en perpétuelle métamorphose - les structures claires se transforment en mouvements flous, les harmonies-timbres bien différenciées se "dégradent" lentement en structures bruiteuses. On ne distinguera pas des parties clairement différenciées, mais des mouvements, des processus de changement qui emporteront l'auditeur d'un paysage sonore à un autre » nous dit-il. C'est poliment dit, quand on s'adresse aux abysses. « Des contours précis se dégagent d'objets flous, l'ordre naît de chaos rythmiques, les sons évoluent sans cesse, se déforment à en changer de nature... ». Derrière ses atours intellectuels, ses calculs infernaux, ses analyses et reconstructions diverses, on voit bien quand même la démarche de monsieur Murail : nous maintenir la tête sous l'eau, de force. S'habiller en dispensé de sport et invoquer dans les vestiaires les démons de la folie : Gondwana, l'île engloutie ! Sans trop savoir ce qui se cache sous nos pieds, ni ce qui déferle dans nos oreilles à volume indécent. Horreur et fascination.

note       Publiée le dimanche 21 août 2016

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Oui, et NWW, et Sunn o))), et des trucs electroacoustiques à la Hammeriver, Stéphane Rives ou AMM... quel grand écart quand y pense

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Oui pour Stockhausen et Ligeti c'est vrai aussi.

    Sinon c'est très bien de parler de Murail et de musique contemporaine, c'est un monde à part, un univers particulier et comme tu le dis dans ta chronique, au niveau des ressentis on peut parfois être proche de ceux des musiques rock sombres et expérimentales, je pense aussi à Ulver, Scott Wallker, Shub Niggurath, Univers Zero, Art Zoyd..., comme quoi les étiquettes...

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    "Les courants de l'espace" en live, avec Murail aux Ondes Martenot : https://www.youtube.com/watch?v=1yp...

    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Oui Gérard bien sûr haha.

    Oui, tu peux aussi rajouter le Stock' de Stimmung et Ligeti ! Le livre de Grisey, "Ecrits", est absolument génial - pas tant pour "l'explication de texte" que pour le partage de ses doutes / ressentis / volonté / trouvailles / etc...

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Petite boulette, ce n'est pas Pierre Grisey mais Gérard Grisey, c'est pas grave.

    Trois pièces très intéressantes, une de mes préférées (figurant ailleurs) de Murail sont "Les courants de l'espace" pour ondes martenot et orchestre, datant de la fin des années 70, le jeu sur les timbres est tellement poussé qu'à certains moments on ne sait plus d'où viennent les sons, par contre on appréhende très bien les vents solaires et le vide intersidéral et ses formidables pressions. Ses pièces pour petits ensembles sont très bonnes aussi, comme "Couleur de mer" (1969) ou "La barque mystique" (1993). Je possède deux compilations sorties sur le label Accord et la réédition de ce disque (Gondwana...) chez Montaigne.

    Cette Ecole Spectrale doit beaucoup à Xenakis (l'aspect informatique et physique du son) et Scelsi (temps et timbre dilatés) je trouve, ils ne s'en cachaient pas d'ailleurs (cf. les écrits théoriques de Grisey).

    Comme continuateurs, on peut aller fouiller du coté de Iancu Dumitrescu, Anne-Maria Avram ou Olga Neuwirth, entres beaucoup d'autres je pense, n'écoutant plus trop de musique contemporaine.