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The Knife › Shaking the Habitual

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Kronh      lundi 8 août 2016 - 17:40
Cera      dimanche 3 juillet 2022 - 18:51
Klozer      lundi 6 décembre 2021 - 23:11
Aladdin_Sane      lundi 25 septembre 2017 - 15:08
Aplecraf      jeudi 1 juin 2017 - 11:44
no      lundi 22 août 2016 - 22:04
Dariev Stands      mardi 2 août 2016 - 22:32
born to gulo      dimanche 21 juillet 2019 - 23:48

lp vinyle • 13 titres • 00:00 min

  • face a
  • 1A Tooth For An Eye
  • 2Full Of Fire
  • face b
  • 3A Cherry On Top
  • 4Without You My Life Would Be Boring
  • 5Wrap Your Arms Around Me
  • 6Crake
  • face c
  • 7Old Dreams Waiting To Be Realized
  • face d
  • 8Raging Lung
  • 9Networking
  • 10Oryx
  • face e
  • 11Stay Out Here [(avec Shannon Funchess et Emily Roysdo)]
  • 12Fracking Fluid Injection
  • 13Ready To Lose

informations

Produit et enregistré par The Knife eb 2010–12; à Stockholm et Berlin - Mixé par The Knife et Johannes Berglung

Artwork par Studio SM et Martin Falck - BD et illustrations par Liv Strömquist - à noter que l’album est publié sous licence Creative Commons, donc libre de droit avec restrictions pour certains usages. Les couleurs baveuses de la pochette ne sont pas vraiment un hommage aux années 80 mais plus probablement une incitation à utiliser le format .png pour les fichiers image de la pochette, format permettant plus de couleurs. Or le format .PNG est un format libre de droit, à l’inverse du .gif par exemple……

line up

The Knife (Karin Dreijer Andersson et Olof Dreijer)

chronique

  • electro étirée et expérimentale

Ça devait arriver. Silent Shout était déjà le réveil traumatisant, tête dans les analgésiques opioïdes, après la party en sous-sol de Deep Cuts. Shaking The Habitual est donc l’excroissance hyper-politisée et polarisée de Silent Shout. Fini les mélodies exaltantes, l’électro identifiable qui gardait encore un goût de pop mélancolique, de regards humains qui se croisent. Bienvenue dans les années 2010, jeune padawan. Y’a rien pour toi ici. Shaking The Habitual, avant d’être le gros méchant concept album politique et farouchement queer qu’il prétend être, est un objet inhabituel certes, mais surtout déshumanisé, inaccueillant et inconsciemment retors, et au final, aliénant. The Knife, trop occupés à parfaire leur message anticapitaliste, pro-étrangeté et anti-normalité s’est-il rendu compte qu’ils pondaient là un album aussi aimable qu’une porte de prison ? Vous me direz, c’est un peu l’identité du groupe depuis le virage malsain de Silent Shout, ce que l’expérimentale collaboration Tomorrow, In a Year tend à confirmer. Mais quand même, comment expliquer ma réticence à parler de ce disque (alors que à part tout le tralala justificatoire sur le « gender », j’adhère à peu près à tout, ici), acheté à sa sortie, et qui m’aura au final laissé de plus en plus dubitatif au fil des mois. La couche d’après la dureté, la dissonance (qui devraient être agréable pour un amateur d’expérimental, sauf qu’ici c’est vraiment étudié scientifiquement pour du rebrousse-poil) cède vite la place à cette fascination du vide qui a depuis gagné du terrain à une vitesse exponentielle, ce grand vide qu’on peut appeler « post-internet » ou autrement, et qui habite toute la vaporwave, le wonky, le cloud rap, tous ces non-genres débités à une cadence (post)industrielle d’imprimante 3d et qui se situent confortablement loin du mainstream comme de toute véritable influence sur le monde réel d’ailleurs (à part saturer l’espace et recracher du temps de cerveau dispo). Et ce n’est pas un hasard si The Knife s’est séparé suite à l’impasse esthétique manifeste, malgré une tournée qui a achevé de séduire le grand public, déjà curieux depuis Deep Cuts. Comme trop d’autres, The Knife repousse les limites du néant mental, du rien à la portée de tous et du relativisme totalitaire, tout en prétendant défendre les artistes indépendants du business, les gens différents, les déviants, les porteurs d’espoir et de sens… En un mot, la contre-culture, ouh le gros mot passéiste et incompris. En fait, seule la pochette est finalement assez réussie dans le genre, des couleurs façon « attention vénéneux » (depuis devenue une véritable mode) au coup de crayon de Liv Strömquist en passant par le message Robin des Bois-esque articulé de manière très drôle et poussant vraiment à la réflexion. Mais le reste… Déjà, la musique : c’est un double album, prétentieux et abrasif, quasi-suicide artistique mangé aux mites par de très vilaines saillies de noise numérique qui décharnent chaque titre, déjà pas épais en potentiel mélodique. Chacun des deux CD (sur vinyle ça tient sur 3 LP, l’objet prend un côté jusqu’au-boutiste qui a le mérite de calmer) contient sa plage d’ambient dissonant hérissant, béance qui prend des proportions visiblement provocatrices sur le premier cd (« Old Dreams Waiting to Be Realized », dont le titre semble cacher le vide-ordure mental de la procrastination), toujours ce vide angoissant laissé là par le duo comme pour dire « voilà, on est politique, on emmerde l’auditeur passif ou qui croit se trémousser où nous oublier en fond, et on tient à ce que ça se sache ». Ils l’ont dit, The Knife souhaitait avec ce dernier album que leur côté politisé soit impossible à éviter. Ce serait vain si Shaking The Habitual n’était pas un disque ultra-attendu d’un groupe assez populaire, écouté par des publics très divers. On ne peut qu’éprouver une certaine empathie aux idées qui ont présidé au projet Shaking The Habitual (plus un ensemble multimédia qu’un seul album, on l’aura compris)… Le souci, c’est qu’on a du mal à retenir quoi que ce soit de constructif de l’ensemble, hormis une certaine exubérance troublante sur le premier disque – le second étant vraiment faiblard – et un travail sur le son très poussé et éprouvette pour les nerfs. Il vaut mieux passer sur les clips, dont la photo et le rendu visuel les rend aussi subversifs qu’un reportage clinique et abjectement voyeuriste de TF1, même si celui de « A Tooth For An Eye » garde encore un peu de place pour la musique. C’est d’ailleurs le seul morceau encore un peu funky du disque, et l’un des meilleurs titres du groupe. Partout ailleurs, ces percussions, marimbas et cliquetis vaguement organiques (beaucoup d’éléments ne semblent pas issus du numérique, mais tout reste froid et très compact) n’apportent qu’un vague sentiment de désorientation et une toute petite tentative d’enthousiasme et de danse, au milieu d’une désagréable impression de relativisme et de mauvaise conscience. C’est comme une cérémonie vaudou dans un ikéa, une tentative de récréer de la magie en laboratoire pour OGM : voué à l’échec. Ce qui est très inquiétant pour une œuvre réellement intelligente, ambitieuse (et qui s’en donne les moyens) qui cite Michel Foucault dans le titre et tente de capturer l’âme de personnages du Dernier Homme de Margaret Atwood dans deux interludes… Franchement, si The Knife n’était pas devenue une gigantesque autoparodie de politiciens rabat-jouir et à peine-à-joie, j’aurai adoré qu’un tel album soit sorti en 2013. Aussi excitant qu’un mode d’emploi. MAIS (attention notez cette phrase, ça va devenir le leitmotiv dans les prochaines années si le cynisme n’a pas raison de tout le monde d’ici peu) : « eux au moins, ils ont essayé. RIP. »

note       Publiée le mardi 2 août 2016

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Faut bien dire que la production de cet album est en majeure partie faite pour péter les couilles. C'est désagréable et c'est exprès. En plus pourquoi être désagréable sur 4 mn quand on peut l'être sur 7, 8 voir 10 minutes ? Sans compter que quasiment la moitié de l'album consiste en pistes dark ambient bien nauséeuses (qui fonctionnent vraiment très bien pour ma part, même si je suis pas sûr que "fonctionner" soit le verbe adéquat). Il reste plein d'excellents morceaux finalement (mon préféré étant le très beau et tordu "Raging Lung" qui ouvre la seconde moitié), qui demandent l'effort de se plonger dans un objet qui fait tout pour justement en décourager l'écoute. C'est en un sens assez admirable de vouloir se saborder commercialement à ce point (bon The Knife c'était pas non plus la fête au camping à la base). Si j'avais pondu la chro, j'aurais mis CAN et SOPHIE en reco (reco ALL CAPS, pour plein de raisons diverses et sans doute contradictoires).

    Message édité le 12-12-2021 à 16:53 par (N°6)

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    Je crois que quand un groupe me file la nausée avec des instrumentaux sudatoires de Sweat Lodge, je veux toujours qu'ils soient finlandais. Et puis Galakthorrö, ça m'a toujours évoqué du chocolat blanc viking... Bref, je corrige arf, la bourde. (au passage, je mettrais facilement une boule de plus aujourd'hui à ce The Knife,même si c'est quand même un super chouette album simple qui s'ignore... ça serait une chronique à refaire...)

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    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Quels finlandais, Dariev ?

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    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    Parce que The Knife c'est beau à voir aussi, un live complet de leur dernière tournée : https://www.youtube.com/watch?v=ZbdXdsDKoLo

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    Dun23 Envoyez un message privé àDun23

    Wrap Your Arms Around Me en bo de fin d'épisode 9 de The Handmaid's Tale. Connaissais pas du tout, faut que j'écoute parce que ce titre est vraiment très bon. Je vais me focaliser d'abord sur les précédents de ce que je comprend. Ce titre est une parfaite conclusion à cet épisode. Les séries qui passent de la musique autre que ce dont on est abreuvé chaque jour par les médias traditionnels se doivent d'être signalées. Comme la dernière saison de Fargo...