Fetish 69 › Antibody

Fetish 69 est un groupe autrichien qui date de quand on était beau. Eux, par contre à l’époque ils voulaient nous rendre le monde moche, alors qu’a priori le fétichisme ça rend les objets tellement beaux qu’on en fait des bonds non ? On se les enfile, on les lèche, on se les met sur la tête, on les gratte, on les brosse. Parce que en écoutant ce premier album du combo comme on disait quand on était con, et beau (ahah), eh bien on n'a pas le moral qui fait l’arc-en-ciel, il fait juste plus gris, comme si le sexe ça rendait triste et moche - en tout cas les textes au mieux subliment l'étouffement dus à l'angoisse ou à l'extase, qui sait. Comment s’y prennent-ils ? En utilisant des tonalités et des fréquences qui rendent triste et moche, malgré la variété des approches du « metal industriel » qu’on écoutera ici, du dansant un peu chiant du début du disque jusqu’au cauchemar rampant de la fin, du disque. Comme une espèce de voyage descendant la spirale tu vois ? Pour chercher la chair de Dieu tu vois ? Parce que t’es fétichiste de ce qui est transcendant, tu te drogues à l’invisible tout en hurlant sur l'agoraphobie et le déni du corps. Oui je vois, on voit facilement comment une quasi mystique de ce "tas de viande" vu comme souffrance intolérablement sexy jalonne la musique industrielle, cette alliance de la machine et du corps, de la peur et du corps, des marques urbaines sur lui, des traces des autres surtout, partout. Ici c’est pratiqué de manière quasi intolérable : vraiment, ces moments les plus dansants me grattent bien le dos, dans le coin qu'on ne peut pas atteindre quand on a des petits bras comme moi. Ici c'est pratiqué aussi comme un trip dangereux (fin de l'album !) si vous êtes adeptes de quoi que ce soit qui travaille la ténèbre, en solitaire, avec ou sans talons aiguilles, voyez les références à Günter Brus dans le livret, et regardez-le se taillader et se peindre, "boire son urine, se recouvrir d'excréments, et chanter l'hymne autrichien en se masturbant, ce qui lui coûtera des mois de prison et un exil à Berlin" (je cite de mémoire. Sacré gus le Brus). Difficile à noter donc, très inégal. En plus je déteste donner des notes, et en plus je radote, et en plus j’écris trop - donc allez, pour les amateurs de crasse ludique, de metal répétitif, et de bruits qui font picoter les fesses, essayez-donc cet album, ma foi, ça va pas vous tuer non plus.