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Anne Clark › Joined Up Writing

lp/cd • 6 titres • 25:56 min

  • 1Nothing at All2:22
  • 2Weltscherz3:33
  • 3Killing Time4:44
  • 4True Love Tales5:02
  • 5Self Destruct4:54
  • 6Our Darkness5:21

informations

Enregistré aux Wickham Studio et Barge Studio par Ian Caple (1-3), Martyn Webster (4-6) et Nick Cook (4-6)

L’édition CD de 1990 (Virgin) regroupe les albums The Sitting Room (1982) et Joined Up Writing (1984).

line up

Virginia Astley (claviers, voix, 1-3), Anne Clark (voix, musique), David Harrow (claviers, percussion électronique, saxophone, clarinette, voix, 4-6), Anne Stephenson (violon, 1-3), Jo Well (clarinette, claviers, voix, 1-3), Nick Pretzel (batterie, percussion, 1-3)

Musiciens additionnels : Nick Cook (voix sur 5)

chronique

Toujours ce paradoxe… La passion prise dans un corps lui même cerné – de murs, d’hostiles observateurs piégés eux aussi dans leurs peaux –, et qui ne peut brûler qu’en étant ainsi tenue, dissimulée sous l’apparent impassible, visage sans sourire, même pas tordu par la colère ou le malheur. L’attitude dure pour rester vivant – et non ébahi bétail, proie de cette satisfaction consommée qu’on est sommé d’afficher. L’irrépressible caché dans l’hiératique. Anne Clark, pour le verbe, a toujours été plus fine qu’il n’y paraît au premier abord. Plus violente, aussi. Ses phrases pleines de doubles sens qui révèlent, retournent les évidences cruelles de la langue. Ici sur Killing Time, par exemple – titre renversable en soi, d’ailleurs : Tuer le Temps ou Le Temps qui Tue, ou celui de la Tuerie –, ce glissement de sens comme au fil, qui surgit et frappe comme en passant : "make a sentence complete… a DEATH sentence... complete". C’est intraduisible, certes, ce jeu – "sentence" peut signifier "phrase" ou "peine", comme dans "prononcer une peine" (ici : de mort), selon le contexte ; dans la translittération, l’articulation s’en perd. Une fois compris, ce n’en est pas moins perçant… Anne Clark, aussi, trouve ici d’autres moyens – musicaux, s’entend, cette fois –, les étend, les multiplie. C’est toujours ce froid enveloppant, autour, contours et volumes esquissés d’une ville impénétrable et qui pourtant enserre, lignes gothiques machiniques, cold wave aux arrêtes, au côtes en saillies. Mais les textures – plus que sur le premier EP, The Sitting Room ; et même que sur l’album sorti entre temps, Changing Places – se font plastiques, glacées toujours mais sensibles, charnelles. Le rythme s’alentie ou s’emporte, d’une plage sur l’autre. Un violon insuffle une beauté intouchable – douloureuse de ne pouvoir être saisie, gardée. Les mélodie s’affirment, des chœurs s’égaillent en touches brèves, traits brûlants dans cette nuit qu’ils rendent plus profonde encore. Illusions accrues – et qui se donnent comme telles pour mieux imprimer la morsure de ces "petites vérités" autour de quoi elles poussent, se forment, font corps. La danse, aussi, attrape – Our Darkness, comme en miroir à Sleeper in Metropolis, sur l’album précédent ; titre électro, techno, irrésistiblement entraînant, d'une puissance compacte ; déclamé d’un ton cassant, cinglant, giflant, dans une espèce d'exaltation sèche ; avec cette fois ce saxo qui perce, sinue dans la raideur programmée, déboussole. C’est là aussi qu’elle l’énonce, ledit paradoxe plus haut évoqué. Fièrement, avec défiance. La passion, donc, qui exige le détachement. Lucidité terrible – mais donnée comme seul moyen de ne pas finir broyé, de ne pas sombrer dans l’anesthésie. Vivre avec cette conscience – qui peut être une torture et une libération – de tout ce qui peut, en un jour, une heure, un instant disparaître, sombrer. De là, créer – sans plus croire que ça remplacera, qu’il puisse exister des formes finies qui soient suffisantes. Toute perfection – tout aboutissement – ne peut être que de passage. "C’est déjà ça" veut dire qu’il est impossible de lâcher, d’abandonner – d’accepter, c’est à dire. Là, inversant les pôles, ça fait des chansons qui se campent, s’ébrouent, qui fendent.

note       Publiée le jeudi 14 juillet 2016

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    ouep, plus prenant, surprenant aussi; enchainer un solo de clarinette de presque une minute - le detail pas si courant surtout en coldwave, meme enregistré du fin fond de la black lodge, derriere le rideau rouge; a de la bonne techno (checker l'annee sur le maxi). Le son a un peu vieilli par contre (outch).

    Note donnée au disque :