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Anne Clark › The Sitting Room

lp/cd • 7 titres • 15:30 min

  • 1The Sitting Room2:22
  • 2Swimming1:39
  • 3An Ordinary Life2:34
  • 4Shades2:00
  • 5Short Story (Party Mix!)1:53
  • 6The Power Game0:46
  • 7All We Have To Be Thankful For4:16

informations

Enregistré aux Pathway Studios, Londres, en juin 1982. Produit par A Cruel Memory, Anne Clark et Chris Stone.

L’édition CD de 1990 (Virgin) regroupe les albums The Sitting Room (1982) et Joined Up Writing (1984).

line up

Dominic Appleton (claviers), Anne Clark (voix, claviers, percussion électronique, percussion à eau), Gary Mundy (guitare, effets, deuxième voix), Patrik Fitzgerald (claviers), Andrea Laschetti (claviers, percussion électronique)

chronique

Impressions d’une existence bloquée là, piégée, empêchée… Anne Clark nous passe sa tristesse comme on se refile un mot, une sensation, un nom qui gênent. Presque sans bruit mais sans précautions. Poétesse à l’apparence glacée, blafarde, pièces brèves d’un gothique mat, délavé, teintes comme bues par la nuit, le monde autour, la ville dure. La jeunesse comme salle d’attente d’une vie qui promet le pire – ou pire : le rien, routine gérée, temps qu’on perd à la gagner, comme disait l’autre, comme on constate au premier jour d’emploi. C’est de là que vient la peur – dans cette froide vision d’une raison aux yeux trop ouverts. Pas la crainte des périls, non. La certitude plutôt, qu’ensuite on ne pourra plus revenir ; que se perdre, surtout, deviendra pour toujours impossible. Si tôt désabusée, alors, à vingt-deux ans à peine ? … Voir. Tendez l’oreille, les sens, faites lui face. Cet air fermé, au vrai, dit non – violence, force immobiles. Anne Clark a la passion butée, obstinée, d’autant plus puissante qu’elle la couve, la cache aux regards trop pressés ou fouisseurs. Ses brèves élégies – hymnes à un silence qui vaut mieux que les mots d’usage vidés, compromis, scènes sans espoirs taillées en trois traits … – bruissent dès ce premier disque, frémissent. Tendues de l’intérieur, agitées d’incommunicables – pensées, sentiments, affections ; intensité tenue en sourdine, et qu’on entend gronder – loin, dedans, mais plus incandescente encore, d’être ainsi dite le moins possible, en même temps le plus directement, simples descriptions, flux de conscience purgé de tout parasite de forme. La musique est plus épurée, encore, qu’elle ne le sera sur les disques d’après, plus dénuée. Quelques claviers qui sonnent comme des orgues. Des pistes parfois plus que brèves, abruptement interrompues une fois que les mots sont dits. L’électronique comme simple filet de son, par moments, rai qui effleure la voix ou la découpe dans un halo cru, effets qui la dénudent encore plutôt qu’ils la déguisent – avec cet accent coupant, pleine face, ces inflexions qui rendent chaque mot plus cinglant encore, fut-il à priori des plus insignifiants. D’étranges trafics d’échos, manipulations sommaires, peut-être bien tâtonnantes, à vrai dire – mais le ramassé, la sécheresse, la brièveté, encore, de ces quelques morceaux, empêchent que rien, ici, ne sonne comme une errance, une complaisance sous couvert d’expérimentation. Ce ne sont pas, ces pistes, des écrins, des toiles de fond pour sa, pour de la littérature – de quoi mettre en branle, plutôt, ce qui fait que celle-là, que les mots, que l’art, seront toujours insuffisants, tension vers un accomplissement dont en même temps ils reculent les limites. L’un des titres s’appelle Short Story – c’est à dire Nouvelle (comme cette forme d’écrit), plutôt ou autant qu’Histoire Courte. Avec ce sous-titre, ironique, "Party Mix". Une sorte de reggae raidi qui avale la lumière, mélancolique, renfrogné – qui comme en passant semble parler justement d'écrire, d'un enfant qui trouverait ça. Puis en conclusion, moins d’une minute après : "Tout ce pour quoi nous devons être reconnaissants". C’est toujours bien peu, semble-t-elle nous dire. Vraiment ? C’est encore, c’est déjà une histoire de manque, de "presque ça", de hanches saillantes, "d’à-peine" qui rend le reste vivable – vivable et tout autant insupportable. Le plus dur est de ne pas tout gâcher. Et puis "cette fois, ce pourrait être tout".

note       Publiée le jeudi 14 juillet 2016

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Le plaisir est pour moi... Atypique, oui, elle l'est/l'était (j'avoue ne pas avoir écouté ses disques les plus récents) vraiment. Ça m'a de nouveau frappé, à quel point, en réécoutant ces disques il y a quelques temps - je peux même carrément dire en redécouvrant, tellement j'avais "oublié tout ça", curieusement, entre temps (enfin non... Disons que c'était un souvenir persistant, coriace, mais devenu plutôt flou)... Sa musique a vraiment la couleur de ces années là, en fait, mais oui : avec une manière, des manières toutes à elle, une singularité qu'on entend encore bien de maintenant - peut-être même encore mieux, maintenant que le son, la production typiques de l'époque ne sont (forcément) plus "partout autour". (Bon... En bref je l'ai toujours trouvée très touchante, l'Annette - dans le sens pas du tout condescendant du mot, ça va de soi j'espère).

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    Richard Envoyez un message privé àRichard

    Merci de rappeler à travers ces chroniques toujours originales :) le caractère vraiment atypique d'Anne Clark. Mon préféré de l'Anglaise.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Un peu trop rapide, pas baclé, mais je prefere quand elle prend plus son temps comme sur les deux suivants.

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