Crystalium › De aeternitate commando

A vrai dire je suis assez embêté, non pas avec cet album, somme toute assez bon, mais avec le fait de devoir en faire la chronique. Voici du black metal violent, à reflets symphoniques, rapide et très acéré, autant dans le son que dans la tension des structures. Les vocaux sont bons, Blizzard Cillag use du cri et du dégoût avec talent, les moments de furie sont nombreux et efficaces : tempêtes de guitares aux mélodies simples et dramatiques, batterie mitraillette et irréprochable (si ce n’est dans le son….), un vrai sens de la structure qui offre des transitions et gestions dynamiques excellentes… clavier secondaire, mais dont les rares moments de présence lead sonnent justes et très bienvenus («Je suis le Christ»…). Cette recherche de violence et de mélodies épiques et martiales, cet attachement à ce que les arrangements assurent une densité de son à la fois constante et efficace («Erep Erton-Second Nema» est ainsi vraiment réussie) et les surprenantes et remarquables saillies solistes de Dracir : un son fluide et tiré comme du fil d’acier qui transperce le mur des rythmiques et ondule avec vitesse et souplesse… mais alors, d’où me vient cet incoercible sentiment de «oui… mais !» ? C’est un peu facile de supposer que tout cela manque peut-être, finalement, un peu d’âme… on peut aussi regretter que ces mélodies et ambiances soient efficaces car, en fait, éprouvées… on aimerait pouvoir se réjouir encore plus des nombreuses qualités du groupe, de sa précision technique, de sa vitesse violente, de l’excellent et original Dracir, de l’engagement à la fois émotionnelle et musical des vocaux de Blizzard Cillag. Je vous l’ai dit : j’accueille avec plaisir ce disque dans ma CD-thèque, mais au moment d’en parler et de trouver les mots pour justifier un bémol que je ne peux m’empêcher de mettre… je sèche. Ca va vite et très fort, ça frappe quand il faut et c’est incontestablement bien foutu. On ne peut même pas dire qu’il manque ce fameux «petit plus», refuge idéal du chroniqueur en mal d’analyse pertinente. Car ce «petit plus», on le perçoit ici et là, à l’occasion… il jaillit, encore une fois, des solii de Dracir, du chant, de coups structurels réussis. Disons peut-être que le groupe ne s’est sans doute pas encore tout à fait trouvé. Il n’ose pas encore la pleine possession de ses nombreux outils, il n’ose pas encore détourner sa culture metal, sa qualité technique, pour en faire du Crystalium. Et puis c’est vrai que leurs mélodies sont bonnes, mais convenues… jettez-y une oreille, Crystalium le mérite. Un groupe dont le prochain opus pourrait parfaitement nous exploser la gueule… ou pas. Car celui-ci pour l’instant, est un album moyen.