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Alvarius B. › Baroque Primitiva

lp/cd • 11 titres • 36:15 min

  • 1The Dinner Party3:14
  • 2Mussolini’s Exit2:05
  • 3Humor Police2:19
  • 4You Only Live Twice3:16
  • 5Face to Face with a Couple Axes2:39
  • 6Well Known Stranger4:12
  • 7Naturally Absolute3:44
  • 8Funny Thing Is3:39
  • 9Dead Girls1:43
  • 10Like That Madri Girl4:18
  • 11God Only Be Without You5:06

informations

Enregistré entre 2006 et 2010 par Alvarius B., Randall Dunn et Scott Colburn. Produit par Alvarius B.

line up

Alan Bishop (voix, guitare, orgue, piano, arrangements)

Musiciens additionnels : Eyvind Kang (alto sur 3 et 11, basse sur 3 et 6, batterie sur 3 et 6, guitare électrique et piano sur 6)

chronique

Celui-là se trimbale un fameux spleen, spécial... Cette espèce de mélancolie diffuse, lancinante – et qui rend la peau plus sensible à mesure qu’elle y colle, embrume les horizons. Il fait trop chaud, ici, oui. Ça embaume un peu, entêtant – comme les fumets d'une pièce où vivent des corps constamment, en labeur, plaisir, routines, stations contemplatives... La peau, disais-je : il y a cette sensation trouble – une espèce d’euphorie à la limite de l’irritation ou vice-versa, on m’aura compris… Comme un rien-ne-compte qui voudrait dire qu’on peut enfin tout essayer. La confusion qui prend, lentement… Le type, aussi, balade et brouille toutes sortes de chansons. Les siennes et d’autres attrapées au fil du hasard, peut-être, ou ramassées au gré de l’obsession, l’oreille obnubilée. Comme de juste, il change les titres. Ne dit pas où est sa plume. Maquille les noms en appelant d’une périphrase affectueuse, parfois doucement ironique, ceux que d’autres nous donneraient à révérer. Lui les rêve, les hallucine peut-être. À moins qu’il les comprenne enfin, tirant à bas tranquillement et le jetant aux vents le rideau magnifiant. Bon… John Barry par exemple, s’appelle ici "Johnny 7". Et sans doute, You Only Live Twice ne sonne pas pareil, mis dans ces mains et cette gorge, qu’entonné jadis par Sexy Nancy, la pinup Sinatra qui en ornait un générique, un James Bond de plus. J’aime bien cette chanson – l’originale aussi, je veux dire – et j’aime bien Nancy, oui... Mais là, ça prend une autre gueule. Ça vous flanque un autre climat… J’avoue que j’irais bien volontiers y voir, sous celui-là. Un peu empoissé, certes, mais avec cette lumière si particulière d’après l’averse – rayon furtif et enchanteur. Allez… Il semble aussi qu’il y a sur ce disque pas mal de plages prises à Morricone – si c’est toutefois bien lui qui tout au long se voit nommé Maestro Padre Supremo. Pour The Dinner Party, au moins, c’est sûr – l’originale s’appelle Metti una Cera a Sena… "Disons, un soir à dîner". Il appert que le film dont est tiré ce thème parlait de triangle amoureux – et autres figures si affinités, si complications. Oui, cette langueur échauffe. Cette fatigue constante qui frôle l’exaltation… On la sent venir longuement, on voudrait la toucher… Humidité… Drôle de tropique. L’impression de se retrouver, au vrai – sans savoir comment on est venu – sous quelque latitude perdue, le genre de bled évoqué dans le Journal du Rhum d’Hunter S. Thompson. La cuite permanente, la déliquescence… Et l’abandon aux abords de la jungle comme seul échappée possible, la remise dans une cabane non loin des vagues. Sans ça ce sera encore le cauchemar de l’entre-soi – au bar de l’hôtel avec pigistes véreux et autres suants trafiqueurs. Ou alors – serait-ce pire ? – cette idée fixe et vague en même temps, insidieusement, d’autres auteurs plus au sud... Disons Asturias, García Márquez – voire Cortázar ou Borges ; que l’homme d'Europe, n'en serait-il que par de lointains ancêtres, à d'autres mêlés, arrivant ailleurs – aux fonds de vallées, des criques sous le ciel énorme des villages –, n’y trouvera jamais sa place. Sauf à s'y laisser boire, par ce trop grands et trop riche ou trop mesquin pays. Sauf à y disparaître. Bon, il y a Eyvind Kang, encore – qui ramène une fois de plus cette sorte d’exotisme volontairement déphasé, davantage à l’est… (Mais lequel ?). Alvarius B., au fait, c’est bien Alan Bishop – le frère de Sir Richard, membre fondateur avec lui et feu Charles Gocher de Sun City Girls. Mais ce disque, c’est encore autre chose. Plus cohérent – d’une bizarre manière, presque paradoxale – que ne le sont la plupart des leurs. Avec cette basse-tension permanente – nerveuse et artérielle et électrique – qui délave tout, nous appelle dans le vertige de cette couleur passée qu’elle fait nouvellement éclore, déborder. À moins qu’au fond il déconne et rien de plus... "The humor police they don’t like my style/’Cause I’m tearing apart people once in a while"… En plus de ceux précédemment cités j’entends qui affleurent pêle-mêle – mais c'est peut-être dans ma tête ? – : le Milton Nascimento avalé par son épiphanie du Miracle des Poisson (O Milagre dos Peixes), quand le chant oublie les mots ; les Fugs ou les Godz, singulièrement, dans les rares moments où ceux-là lâchaient un peu la comédie freak (et glissaient enfin pour de bon dans l’abimé beat) ; même, j’ai pensé à Bonnie Prince Billy... Bon. De toute façon tout finira chez Wilson : "Smiley", nous dit Alvarius. Les Beach Boys, voilà. God Only Knows… Celle-ci au vrai était déjà au bord des larmes, du plein lâcher. Puis c’est notoire : Brian, alors, tombait fou. Cette version-ci s’achève en lambeaux – déchirée, tailladée par l’alto qui glisse et grince des méandres dans ses modes. Une trompe l'annonce, la descente. La voix s'égare en canons avec elle-même, drôlement calés, en cercles démis. Cependant sur la pochette s’ouvre une corolle de femmes nues ; corps couchés qui ne sont pas de mannequins... Alan Bishop était venu, finalement, plein d’une certaine idée. Sourde peut-être. Mais certainement vision.

note       Publiée le lundi 20 juin 2016

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Pour le magnifique Will to Love, surtout - aux chœurs d'une douceur et d'une déréliction voisines.

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Humeur tropicale lofi - le ciel est incertain et la vie est pleine de grain... Le pied, ce disque, pile à ce moment là.

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Dediou, c'te version de God Only Knows... Je ne m'en lasse toujours pas, elle me fait toujours un effet aussi étrange.

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Bon alors décidément... Celui-là aussi, il fait un excellent compagnon de lendemain de trop de bière cheap, la tête miraculeusement presque pas douloureuse mais la fatigue/lassitude pas encore toute évaporée malgré les heures à priori suffisantes de sommeil... Décalé, oui - le sommeil et le reste, je veux dire. (Et puis toujours You Only Live Twice, parmi toutes celles-là). (EDIT : Et cette fin, la reprise toute chamboulée des Garçons de la Plage... On a beau le savoir, ça fait toujours son effet ! ... Gros effet).

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