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Dioneo      samedi 18 juin 2016 - 21:29
Klarinetthor      lundi 20 juin 2016 - 01:19

cd • 10 titres • 54:40 min

  • 1Quand la pastora5:45
  • 2Garçon Mathurin3:42
  • 3Grande de Jussac/E passa de deçai5:35
  • 4Las femnas de pels puèch2:34
  • 5Le prêtre confesseur6:11
  • 6Mes amics que n’ai ausit6:22
  • 7Un galant n’es anat9:26
  • 8Je ne suis pas contente4:33
  • 9Les vêpres du Falgoux5:42
  • 10Grande de Montsalvy4:50

informations

Non renseigné.

CD, pochette digisleeve.

line up

Guilhem Lacroux (guitare, lapsteel, pédalier basse), Jacques Puech (chant, glass harmonica, cabrette)

chronique

Au plus près… Plus encore que La Baracande – autre groupe du collectif La Nòvia, et dont Guilhem Lacroux est d’ailleurs également membres –, Faune racontent à bouts touchants ; rapportent en mains pleines et propres histoires et répertoires – c’est à dire : des espaces, des gens dans des villages, des gros bourgs des provinces. Des formes de mouvements, de pensée, teintes et couleurs et température d’affects. Des mélodies et des desseins rythmiques pris non loin d’où ils sont, viennent, par où longtemps ils passent ou restent – ce sont ici des chansons du Cantal qu’ils sortent des collectages. Et comme toujours, ces deux musiciens-ci jouent tout chargés d’autres expériences, de vies mobiles, techniques diverses, non-orthodoxes mais certainement pas prises là pour défaire la matière saisie, la détruire ou lui faire prendre un pli bêtement moderne. Ils les délivrent, disais-je, toutes proches – ces chansons, couplets, ritournelles. Guilhem coince entre ses cordes des objets mobiles, en redéfinissant les zones de vibration, en rendant certaines courtes, métalliques cassantes là, étendues étirées, glissées, ici ; avec souvent guère plus qu’une réverbération pour envelopper, transformer le timbre puisque attaques et accordages tous personnels et informés, e-bow tenu sur l’une, acier joué en percussion les rendent idiome véhiculaire autant qu’accentuée d’ici, dialectal et voyageur. En même temps, marque les basses aux pieds, sur le pédalier. Jacques active du coude le soufflet de sa cabrette, ou joue de ses doigts humidifiés de cet étrange instrument aux sons filés et translucides mais en même temps précis, enveloppes résistantes dudit verre, qui s’appelle glass harmonica. Il chante, aussi. Et c’est assez extraordinaire, cette voix. Extrêmement justes et sensibles, et forts, tous les récits qu’elle fait. En français ou en vernaculaire occitan. Ça ne parle pas seulement de malheurs, quand ils s’y mettent. Parfois ça cause de tables et de ce qu’on y pose – ce qui nourrit et réjouit en corps, ça évoque les bouteilles… On se met à lorgner vers la cuisine, alors, et puis… Ça induit encore des rencontres, les victuailles et leur partage et comment chacun en loue les vertus et merveilles, et son appétit. Ailleurs on reviendra aux contrariété et vilains accidents et routines dénigrées – mariages pas ou mal faits, confesseur qui envoie volontiers la pécheresse au couvent pour qu’on oublie que lui a été le péché… On le sait bien, que les tribulations ne sont plus aujourd’hui tout à fait les mêmes. On pense ce qu’on veut des morales mises au bout par les siècles d’avant… On se tient dans le son, le moment unique pas venu là par hasard – ni lui ni nous, je veux dire. On s’approche encore, à vrai dire – c’est assez merveilleux comme la musique du duo, quand ils la jouent dans des lieux adéquatement conformés et peuplés, peut attirer à elle, faire s’avancer à portée de bras ceux venus écouter. On ne dansera pas, cette fois – enfin, pas moi, toujours, c’est une autre vitesse, un autre palier, ici, que je trouve. On y entre l’allure apaisée, à la profondeur de cette musique – et le mot n’est pas cette fois argument de jargon solennel, magnifiant pour l’épate, l’indice qu’on devrait révérer plutôt que d’y prendre un vivant plaisir, serait-il ici calme et couvé. On est gagné – quand il s’agit de ça – par sa gravité toute humaine, on connaît ce qui désempare celle, celui qui est chanté, dont la voix est par eux portée. On est gagné par cette luminosité toute intime, douce et franche, parfois luisance qui passe, qui s’y allume et consume et circule. On pourra si l’on veut s’asseoir pour écouter, les amis alentours ou entre supposés étrangers. On n’y va pas pour s’y éteindre. On l’entend bien plus clair – à ces intervalles et assemblages et épisodes aux beautés inusitées et affirmées – en n’étant pas froide assistance. Ce n’est pas là qu’on vient, de toute façon, pour solder parce qu’il faut bien un quelconque temps de strapontin.

note       Publiée le samedi 18 juin 2016

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    (Ah oui, merci de me le rappeler, pour le lien avec l'interview de La Nóvia ! Je voulais le faire, en plus, mais j'avais oublié en cour de route. Enfin bon... C'est fait donc). Sinon c'est avec Faune pour ma part que j'ai découvert l'existence même du collectif, que j'ai entendu pour la première fois de la musique venue d'eux... Et ça m'avait direct intrigué, attiré. Ceci-dit ce premier concert du groupe que j'avais vu m'avait moins causé que le plus récent. Question aussi de disposition de lieu, et même ça avait pas mal joué, je pense - on était assis sur des rangées de chaises alignées devant la scène du Périscope, ce qui avait mis, j'avais trouvé, une espèce de distance entre eux et nous, qui ne va pas trop à ce qui se joue "chez eux". (Alors que le concert au Rita Plage - bar de Villeurbanne avec une scène minuscule dans un coin de la salle - était vraiment très beau sans nul doute aussi par sa dimension très "intime"... Oui, je me répète - mais ce groupe me fait très nettement cet effet là).

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Ce n'est pas le projet qui m'a fait acceder a l'univers Novia; mais il serait bete de le negliger; je trouve juste que si des fois la gratte se mele bien a la voix et aux autres instruments, il y a des petits passages ou elle ressort, un peu surprenamment, "slidamericana". Ca fait sans doute partie de leur volonté de pousser les choses plus loin, ou a coté. Mais globalement l'album emporte bien dans sa longueur; sans que la transe, le drone aient besoin d'etre conviés. PS : ca serait tellement bien de mettre en lien pas seulement ton report des Echos mais aussi l'itw fondamentale de la Novia, que je ne peux que te dire que tu dois le faire.

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